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-haut, l’as-tu vu ? » — Vers le temple qui se dressait magnifique, le vieillard leva son front ébloui… À ce moment, le soleil secouait tout joyeux sa chevelure d’or, sur Paris enivré.

Quand le soldat vit le Panthéon élever sa coupole dans les deux, et qu’avec son tambour en bandoulière, battant la charge comme si c’était vrai, il se reconnut, lui, l’enfant d’Arcole, là-haut, à côté de Napoléon,

Ivre de sa naïveté première, en se voyant si haut, en plein relief, sur les ans, sur les nues, sur les orages, dans la gloire, l’azur et le soleil, il sentit en son cœur un doux gonflement, et raide mort tomba sur le carreau.

frédéric mistral.

Les Parcs et les Jardins, par M. Duvillers.

L’ouvrage de M. Duvillers n’a rien de théorique ; ce sont des compositions mêmes de l’auteur qui, au nombre de plus de neuf cents, formeront un bel album de plans de toute nature accompagné d’un texte explicatif. Le caractère pratique de cette publication consiste en ce qu’elle s’occupe aussi bien du jardinet de la plus modeste maison de campagne que des plantations dont s’entourent les châteaux et les villes. Potagers, vergers, pépinières, parterres, écoles de botanique, parcs, jardins publics, promenades, rendez-vous de chasse, tous les genres figurent dans la collection de M. Duvillers, qui depuis plus de trente ans multiplie ses œuvres par centaines, en France, en Algérie, en Angleterre. Créer un jardin n’est point une chose aussi facile qu’on pourrait se l’imaginer. Ce n’est pas tout en effet que de connaître la théorie des assolemens, de savoir assez de botanique pour faire des plantations raisonnées, de pouvoir distribuer convenablement les eaux, calculer les pentes, lever des plans, bâtir des kiosques ou des palais, faire en un mot du cadastre et de l’architecture ; il faut encore ce sens spécial qui ne s’acquiert pas, cette faculté innée qui du premier coup devine l’ordonnance d’un paysage, recule les horizons, varie les perspectives, réalise enfin par intuition tout ce que prescrivent les lois de l’esthétique décorative. De ces qualités diverses, M. Duvillers en possède plusieurs. Ses plans sont élégans, ses courbes gracieuses ; l’œuvre respire une sorte d’harmonie qui satisfait l’esprit et charme le regard.