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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre 1868.

L’hiver approche, l’hiver est venu, et tous les fantômes qui ont obsédé pendant quelques mois les imaginations oisives vont peut-être s’évanouir devant les réalités de la vie publique. Voilà la saison des affaires, l’époque où, à défaut des diversions de l’été, il faut bien serrer de plus près la politique. Les hommes d’état commencent à ne plus se promener sur tous les chemins de l’Europe, portant dans leur valise les secrets du destin. Les parlemens se réunissent ou vont se réunir, et quelques-uns se renouvellent pour se remettre plus vivement à l’œuvre. En Angleterre, tout est agitation ; tories et whigs, gouvernement et opposition, s’arment du dernier bill de réforme pour garder ou pour conquérir une majorité qui décidera de l’existence de l’église protestante d’Irlande. La révolution espagnole est à la poursuite d’une assemblée constituante pour lui confier le soin de fonder une monarchie constitutionnelle et de choisir un roi, si elle finit par le trouver, à moins qu’elle ne préfère la république. Avant quinze jours, les chambres italiennes auront repris leur session à Florence, et l’opposition, M. Rattazzi en tête, se prépare à livrer bataille au ministère Ménabréa, qui paraît attendre l’assaut de pied ferme, avec la confiance d’avoir fait ce qu’il a pu au milieu des difficultés qui l’assiègent. A Vienne, le reichsrath n’a pas tant tardé, il s’est déjà réuni pour voter la loi sur la réorganisation militaire de l’Autriche, cette loi que M. de Beust soutenait l’autre jour par des argumens si bien faits pour ranimer la confiance en Europe, et qui vient de passer à travers toutes les répugnances. Et le parlement prussien, lui aussi, est rassemblé à Berlin depuis les premiers jours du mois ; il a été inauguré par un discours du roi Guillaume qui invite les « illustres et honorés messieurs des deux chambres » à faciliter la consolidation de la monarchie prussienne agrandie, qui les informe, sans désigner per-