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de dignité et de franchise. Peut-être souhaiterais-je dans le commencement un peu plus de chaleur et d’abandon, quelque chose dans le caractère de ceci :


Aux électeurs de la septième circonscription.


« Chers concitoyens,

« L’heure solennelle a sonné où la France entière, la France honnête et loyale fait appel à tous les dévoûmens, à tous les hommes de cœur qui veulent le bien du pays. C’est à ce titre, chers concitoyens, que je pose ma candidature et m’offre à vos suffrages. En face de l’hydre anarchique qui semble vouloir relever la tête, en présence de ces sourdes menées qui menacent le repos du travailleur et celui du père de famille, il faut que les bons citoyens se comptent, il faut que les dévoûmens se concentrent. Unissons-nous, nous serons invincibles, et l’avenir nous devra son bonheur. »


Ne trouvez-vous pas cela préférable? L’allusion à votre position de fortune est dangereuse. Ne pourrions-nous glisser sur tout cela de la façon suivante :


« Je ne suis point aveugle sur les besoins du présent et les tendances de l’avenir. Les idées ont marché, je le sais, je le comprends, et je tiens à honneur de me dire l’homme d’un progrès réfléchi. »


Votre navire ballotté par l’orage est une belle figure. Vous avez parlé avec votre cœur; mais je redoute un peu « le piédestal immense au sommet duquel..., etc. » Cette poétique image sera-t-elle bien comprise? Tout cela est à remanier. Quant aux aspirations de la nation, ne craignez pas de les affirmer, c’est là qu’est notre force; une certaine rudesse de langage ne saurait déplaire en cette circonstance :


« Que voulons-nous tous, si ce n’est la liberté dans l’ordre et le respect d’une autorité indépendante, si ce n’est la prospérité de la France dans la juste confiance de sa valeur et de sa puissance, si ce n’est la dignité nationale dans l’entente raisonnée des ressources et des moyens dont notre inépuisable pays dispose?


Votre définition de la paix et de la guerre vient ensuite tout naturellement.


« Partant plus de sous-entendus et de faux-fuyans, la franchise est le flambeau des âmes fortes. »


Après ces mots : le flambeau des âmes fortes, je placerais sans y rien changer votre péroraison, qui est un chef-d’œuvre : « Mais