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LE COMTE DE X... A MAÎTRE LEDOYEN, NOTAIRE.

Et que voulez-vous que j’y fasse? — Vous ne comprenez pas du tout ma position. — On me l’impose laïque ! Je sais parfaitement que je me fais des ennemis ; mais le temps presse, il faut en finir. Oui, je m’engage à louer ma ferme de La Brèche à ce Claude, qui peut être fort bien pensant, mais dont la paresse ne craint pas de rivalité. Eh bien ! je la lui loue sans augmentation de prix. Il est vrai que les terres sont un peu épuisées par les betteraves de l’autre animal,... enfin!

Quant aux Herbiers, ces vingt-cinq mille francs sont notre grosse artillerie; n’en usez qu’au dernier moment.

Vingt-huit mille francs !... je voulais dire vingt-cinq mille francs... enfin peu importe. C’est monstrueux! agissez. Je suis sur les dents; je ne me soutiens que par des excès de café noir.


MAÎTRE LEDOYEN, NOTAIRE, AU COMTE DE X...

Je crois que nous sommes enfin maîtres de la situation, monsieur le comte. Tout me porte à croire que le succès de la journée est dans cette artillerie de réserve dont vous m’avez confié la direction, et à laquelle je vous prierai d’ajouter quelques bouches à feu.


LE COMTE DE X... A MAÎTRE LEDOYEN, NOTAIRE.

Morbleu ! mon cher, mais autant dire que vous voulez piller l’arsenal! Ma situation est inouie, et je ne crois pas que cette candidature ait jamais eu de précédons ! Ce que je reçois de prospectus dépasse l’imagination. Vingt lettres par jour, douze bureaux de tabac sur le tapis... sur mon tapis! Toutes les plaies du département se donnent rendez-vous à Sainte-Croix. Il faut tout guérir, tout consoler. Bertrand, le cantonnier, m’a demandé une pelle et une pioche neuves. Je m’attends à ce que le facteur me prie discrètement de renouveler ses bottes. Aidez-moi pour ce que je vous ai dit, et comptez sur moi ; je suis accablé.


MONSIEUR SAX AU COMTE DE X...


Monsieur le comte,

Les embouchures qui vous furent livrées avec les instrumens sont celles que l’art et l’expérience imposent. Je m’étonne que vos exécutans n’en soient pas satisfaits. Musicalement parlant, leurs plaintes sont absolument déraisonnables. Quoi qu’il en soit, comme je tiens particulièrement à satisfaire vos désirs, je vais immédiatement étudier la question.