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de charger l’architecte diocésain d’étudier la question et de faire le devis des travaux à exécuter.


LE CURE DE SAINTE-CROIX AU COMTE DE X...

Au nom de toute la paroisse, merci, monsieur le comte, pour vos généreuses promesses. Les nobles pensées que vous exprimez en si beaux termes me sont un sûr garant de vos intentions, et ce que vous ferez pour Dieu ne restera point, soyez-en sûr, sans récompense; mais, permettez-moi de vous le dire, nous différons un peu dans l’entente des moyens d’exécution. Au lieu de fixer la somme à demander sur le devis de l’architecte, il serait bien préférable de régler le devis des travaux à faire sur l’importance de la somme obtenue. La vieillesse est curieuse de jouir, ce en quoi il faut l’excuser, et notre église, qui n’est plus jeune, préférerait un bon coup de pioche à tous les devis du monde.

Vos bonnes intentions vous valent nos remercîmens, monsieur le comte; la réalisation prochaine de vos pieuses promesses vous méritera notre reconnaissance et, je le dis sans détour, notre efficace sympathie en toute chose.


L’ABBE LEROUX AU COMTE DE X...

Dieu a exaucé mes prières et les vôtres, monsieur le comte : monseigneur est infiniment mieux, et je puis enfin répondre à la lettre affectueuse dont vous avez bien voulu m’honorer.

Je fus visité l’autre jour par maître Ledoyen, qui me fit au sujet de la vente des Herbiers des ouvertures tellement précises et pressantes que j’en ressentis tout d’abord un grand trouble. Eh quoi! est-il donc vrai que vous songiez sérieusement à acquérir cette modeste propriété? De quelle contenance est-elle? En vérité, je ne sais, quoique je l’estime sensiblement plus vaste que ne paraît le croire maître Ledoyen. Alors il faut aliéner cette humble demeure! Mon cœur se serre; je revois la vaste chambre bien aérée, avec sa grande cheminée en belle pierre de taille et ses grosses poutres saillantes en cœur de chêne, et aussi ses épaisses murailles que dans mon imagination d’enfant je comparais à celles d’une forteresse. Je vois encore mon vieux père occupant les dernières heures de sa vie à la culture de ce cher jardin, faisant la récolte de ses fruits, et en dépit de l’âge trouvant encore la force d’arracher ses pommes de terre, — pardon pour ces détails, — ses chères pommes de terre, les meilleures du pays à dix lieues à la ronde, disait-il avec son bon sourire. Ah! que nous étions de son avis, nous autres bambins! comme nous nous ébattions dans le vaste et haut grenier !... et nos jeux autour de cette belle eau de source qui coule incessamment