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quels on doit réclamer le concours de l’administration, par exemple l’expansion de l’enseignement professionnel. Rien de plus propre à combattre la routine, à préparer le perfectionnement des méthodes d’exploitation, à faciliter au besoin l’expérimentation des procédés nouveaux. On trouverait des avantages d’une autre espèce, mais non moins évidens, dans la construction sur les marais mêmes des routes « salicoles » analogues aux routes à agricoles » de la Sologne et des Landes. On commence à s’en occuper. On pourrait aussi curer et creuser les étiers, afin de les rendre plus accessibles à la navigation. En fait de transports, ce qui doit passer avant tout, c’est le prompt achèvement du chemin de fer de Saint-Nazaire à Guérande et au Croisic, dont l’exécution a été récemment résolue. Sur la rive gauche de la Loire, le salin de Bourgneuf aurait à solliciter le même avantage, qui profiterait à toute la région comprise entre le fleuve et la Vendée, laissée dans un regrettable oubli.

Tous ces projets cependant manqueraient leur but, si le régime actuel de l’impôt devait être conservé. L’illusion ne tarderait pas à s’évanouir devant l’expérience. Il serait d’abord équitable de modifier les dispositions qui placent les marais salans, pour la perception de la taxe foncière, au rang des terres de première classe. Il n’y a plus rien de vrai dans cette supposition. On s’écarte encore bien plus de la vérité et de la justice par la disposition qui fixe à 5 pour 100 la remise accordée pour cause de déchet. Des expériences officielles servant de base à l’administration dans ses propres achats ont démontré que les sels de l’ouest renferment dès l’abord un poids d’eau équivalant à 12 ou 15 pour 100. Cette déliquescence, qui en favorise l’emploi dans certains cas, les assujettit en réalité à une surtaxe pour une matière dépourvue de toute propriété saline, et qui disparaît dans le transport. L’injustice paraît plus choquante, si l’on songe aux avantages dérivant au contraire d’une remise de 3 pour 100 attribuée aux sels de l’est et à ceux du midi. A l’état brut, ces deux sels sont absolument secs-; mais ils peuvent absorber pendant le transport une humidité qui en augmente le poids au profit du vendeur. Il en résulte en réalité pour lui un allégement des droits. On arriverait, en révisant ces taxes que rien ne justifie, à procurer aux salines de l’ouest un traitement égal à celui qu’ont obtenu les salines rivales. Il ne faut pas se dissimuler toutefois que ce ne seraient là que des palliatifs. La véritable solution économique, la seule qui ne laisserait plus aux plaintes le droit de se produire, consisterait dans le retour à la mesure prise déjà deux fois, c’est-à-dire à la suppression de l’impôt. Au point de vue fiscal, la réduction à 10 francs est insuffisante pour permettre à l’industrie d’étendre largement l’emploi du sel