Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UNE RUPTURE
SCENE DE LA VIE MONDAINE

HENRI DE ROUVRAY, trente-cinq ans.

DIANE DE CAPRY, vingt-huit ans.

UN DOMESTIQUE.

(Le théâtre représente un boudoir élégant et d’un goût parfait. — Ameublement assorti par la fantaisie, comme on en voit beaucoup aujourd’hui, mais confortable et riche. — Deux ou trois portraits de famille, un tortil de baron brodé çà et là, quelques fleurs de lis semées sur les tentures, le buste d’un prince absent, placent la scène au faubourg Saint-Germain. — Diane est assise auprès de la cheminée, une tapisserie à la main.)


UN DOMESTIQUE, annonçant.

Monsieur de Rouvray.

DIANE.

Comment! c’est vous?

HENRI.

Rien que moi! Me pardonnerez-vous de n’être pas un autre?

DIANE.

Je n’attendais personne.

HENRI.

On le voit bien. Ces fleurs, cette toilette, ce demi-jour mystérieux, ce parfum qui m’enivre à distance, voilà les attributs d’une veuve inconsolée qui aime sa solitude et qui ne veut recevoir âme qui vive.