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Loin du ciel bleu, loin de la vie,
Dans un vague sinistre à l’œil,
Cheminer une vierge en deuil,
D’autres précédée et suivie.

Et le morne De profundis
Plonge au sein de la basilique,
Menant sœur Louise-Angélique
Qui fut La Fayette jadis,

Quand sa gloire charmait le Louvre
Au temps des royales amours.
Ainsi s’écoulent les beaux jours,
Ainsi vers la tombe qui s’ouvre,

Tout s’achemine, tout s’en va.
La faveur d’un grand roi, délire
Et vanité ! Mais qui peut lire
Dans les desseins de Jéhovah ?

Allez, chaste visitandine,
Sœur Angélique, allez en paix ;
Cachez sous des voiles épais
Votre jeunesse incarnadine.

Allez gémir, prier sans fin,
Ophélie, en votre oratoire,
Et laissons travailler l’histoire…
La France a besoin d’un dauphin.

HENRI BLAZE DE BURY.