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Quel trait d’union que cet homme,
Sans passion, ni cœur, ni foi !
Hautefort le charme, pourquoi ?
Qu’il parle ; que veut-il en somme ?

Quand chez la reine il vient la voir,
Il s’assied en un coin, morose,
Sans dire un seul mot, sans qu’on ose
Desserrer les dents tout le soir.

Ou, s’il parle à cette adorée,
Si galamment il fait sa cour,
Il l’entretient, au lieu d’amour,
De chiens, d’oiseaux et de curée,

La menace de Richelieu,
Géronte de la comédie !…
Elle, gaie, altière, étourdie,
Prend la menace pour un jeu ;

Mais le barbon cardinalesque
A l’œil sur le couple amoureux.
Il n’est démêlés si nombreux,
Intermède si romanesque,

Dont il ne tienne le ressort,
Selon qu’on le flatte ou l’irrite,
Aidant au jeu la favorite,
Ou lui donnant le coup de mort.

Cette fois la dame est discrète,
Impossible de la gagner ;
En ce cas, il faut l’éloigner,
Son éminence a la main prête.

De cet amant troublé de peurs,
Confit en peines ridicules,
On fera parler les scrupules,
On exploitera les vapeurs,

Et la jeune et rieuse infante,
Dont on révolte la fierté,
Verra surgir à son côté
Quelque rivale triomphante.

Et La Fayette aura son tour.
La tendre Louise-Angélique