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A l’écart, soupçonneux, banni,
La haine emplit sa solitude,
Toujours Claudius et Gertrude,
Partout Marie et Concini !

A son âme obsédée et terne
Des visions parlent la nuit,
L’ombre du feu roi le poursuit
Sur les remparts, sous la poterne.

D’obscurs compagnons de plaisir,
Mais sains d’esprit et la main prompte,
Le gouvernent sans qu’on les compte,
Guettant l’heure pour la saisir.

Et l’action le sollicite !
Sourds et perpétuels combats !
Hier encore il ne voulait pas,
Il veut ce matin…. Il hésite !

Mais Luynes, Sarroque et Vitry
Savent bien où le bât lui pèse ;
Qu’il règne donc ce Louis treize…
Le maréchal d’Ancre a péri !


IX


Ce Florentin maître du monde,
Ce précurseur de Mazarin,
Du haut du trône souverain
A roulé dans la fange immonde.

Ils ont déterré, dépouillé,
Traîné son corps troué de balles,
Ils ont mangé, ces cannibales,
Son cœur sur des charbons grillé ;

Sa femme, politique habile,
La Galigaï, la Dori,
Sur un bûcher, au pilori,
Vient d’expirer, pauvre sibylle !

Pauvre Léonora, qu’hier
Tous saluaient plus bas que terre !
Qu’il règne ce roi solitaire,
Le champ est libre, le ciel clair.