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miner les ouvrages qu’on lui soumet et s’assurer des progrès réalisés. Les visiteurs répondent avec empressement à l’invitation qui leur est faite, aujourd’hui que les mérites de l’enseignement sont constatés par des résultats. Les délégués des chambres de commerce de Paris viennent eux-mêmes aux informations afin de juger de leurs yeux quelle école de dessin mérite la préférence, et quelle est celle où il convient de placer les apprentis à qui l’on veut faire continuer ou compléter leur éducation d’art. Les écoliers de la rue Volta s’occupent dans les divisions inférieures de dessin élémentaire : la tête, l’ornement d’après le moulage et l’estampe, tels sont les objets de leurs études. Les élèves plus avancés exécutent le dessin ou le modelage des figures d’académie d’après l’antique et le modèle vivant. Le nombre des séances qui doivent être employées à chaque esquisse est strictement limité. On évite de la sorte les minuties d’exécution. On a également fait dans cette école une tentative sur laquelle nous insisterons, parce qu’elle offre à n’importe quel établissement un exemple facile à suivre. C’est l’étude de la plante ou de la fleur vivante, exécutée très simplement en esquisse sur papier teinté avec quelques « rehauts » de crayon blanc. L’exercice est excellent pour les futurs dessinateurs de tapisseries, de papiers peints, de bijoux, d’orfèvrerie, de tissus. Des écoliers de quatrième et de cinquième année, des jeunes gens à qui le maître a inspiré la passion de son art, arrivent le dimanche, et de neuf heures du matin à cinq heures du soir reproduisent ce modèle, qui ne tarde pas à se flétrir et pour lequel la besogne doit être menée lestement.

Il n’est pas de ville qui ne puisse avoir une école analogue à celle de la rue Volta, Les commencemens en ont été modestes, les frais d’aménagement furent peu élevés. Ce n’est que récemment qu’on l’a installée dans des bâtimens construits exprès, qui lui permettent de rendre de nouveaux et plus importans services. Les organisateurs d’écoles communales ou rurales peuvent s’inspirer de ce qu’elle fut dans sa première phase, alors qu’elle satisfaisait avec économie aux besoins constatés, et ne recourir à une installation plus coûteuse que lorsqu’elle est à la fois réclamée et couverte par les progrès de l’établissement.

Indépendamment des professeurs ordinaires, deux hommes désintéressés se sont gratuitement consacrés à donner des notions de perspective et d’anatomie aux élèves de cette école. La perspective est ici une perspective appliquée et pratique. L’anatomie est celle de l’homme, à laquelle a dû s’ajouter depuis peu l’anatomie comparée, étude essentielle à des jeunes gens qui auront à représenter des animaux dans leurs compositions d’ornemens. Ces leçons les mettront en mesure d’attacher des muscles aux points d’insertion