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au fameux Wyttembach, en relation avec les premiers hellénistes du temps et spécialement avec Boissonade, il n’avait pu, malgré ses efforts, rester toujours loin de la scène politique. Le roi Louis, qui s’étudiait avec une parfaite bonne grâce à rattacher à son trône les anciennes familles municipales, l’avait distingué, et voulait absolument qu’il acceptât une place dans l’Institut des sciences d’Amsterdam, qu’il venait de fonder. D. J. van Lennep se défendit longtemps de cet honneur. Libéral comme son père, comme lui très attaché à la vieille forme républicaine, il répugnait à l’idée de se rallier à une monarchie subie plus que désirée par son pays. Cependant la personne du roi Louis lui inspirait de la sympathie. Ce prince a laissé de bons souvenirs en Hollande. Accepté comme une garantie contre l’annexion totale à l’empire, on lui sut gré de la peine qu’il se donna pour gagner l’affection de ses sujets. Il se fit aussi Hollandais que possible, il s’efforça de parler la langue du pays, il ne craignit pas d’encourir plus d’une fois la colère de son terrible frère en tâchant d’alléger du mieux qu’il pouvait les charges écrasantes que la politique impériale faisait peser sur les peuples entraînés dans son orbite. En un mot, on peut dire qu’il réussit autant que les circonstances le lui permettaient. Il eut le bon goût de ne point se montrer blessé d’une profession respectueuse, mais ferme, de républicanisme que D. J. van Lennep lui envoya par écrit pour expliquer son refus d’entrer au nouvel institut. Bien plus, sous prétexte de recourir aux lumières spéciales du professeur d’Amsterdam, le roi le fit venir près de lui au château du Loo, et lui demanda ses conseils sur la langue hollandaise et la bonne manière de la prononcer. Le fait est que notre républicain fut, sinon séduit, du moins adouci par ces marques de la prévenance royale, et que, sans renier ses convictions, il montra moins d’éloignement qu’auparavant pour la nouvelle monarchie. L’incorporation à l’empire ne tarda point à la lui faire regretter. Il tâcha plus que jamais de se soustraire aux fonctions publiques. Ce qui est curieux et peu connu, c’est qu’aux premières nouvelles de l’insurrection hollandaise, l’ex-roi, retiré à Soleure, écrivit à quelques-uns de ses anciens sujets une lettre confidentielle dans laquelle il se mettait à leur disposition dans le cas où ils croiraient de leur intérêt de le rappeler sur un trône dont l’arbitraire seul l’avait fait descendre. Parmi les quatre ou cinq Hollandais notables auxquels il s’adressa se trouvait D. J. van Lennep, qui, au moment où il reçut cette lettre, prenait une part active au mouvement insurrectionnel et aux mesures préparant le retour de la maison d’Orange. Le roi Louis se trompait de date. La bonne impression personnelle qu’il avait laissée ne pouvait contre-balancer le prestige d’un nom devenu