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lers et des districts d’au moins 500,000 habitans. Désespérant de fléchir le vainqueur, sans soutien en Allemagne, le cabinet de Munich invoqua l’intervention de la France. Les autres états du sud y recoururent également, à l’exception toutefois du grand-duché de Bade, qui négociait de son côté. L’appui demandé ne manqua point; il était tout acquis à la Saxe. C’est elle qui en avait le besoin le plus pressant, car bien que le maintien de ce royaume eût été garanti à Nickolsbourg, les conditions en demeuraient indéterminées; celles que prétendait imposer la Prusse étaient d’une rigueur extrême et telles que la Saxe n’eût conservé qu’une intégrité géographique et une autonomie purement nominales. Il n’y avait point en Allemagne de gouvernement plus honnête et plus sincèrement libéral, de peuple plus homogène, mieux développé et plus capable d’une vie indépendante. Il fallut cependant les influences puissantes qui s’attachèrent à la Saxe pour empêcher la Prusse de l’annexer d’abord, et de l’absorber ensuite dans la future confédération du nord, dont elle devait faire partie. Il y avait dans ces exigences du cabinet de Berlin autant de ressentiment que de calcul. M. de Beust, dont la personnalité était particulièrement déplaisante en Prusse, s’était vu refuser comme négociateur. Il se crut dès lors un obstacle à des arrangemens moins défavorables et se retira du ministère. L’entente n’en fut pas moins laborieuse, et lorsqu’elle aboutit, tous les autres états avaient traité depuis longtemps.

Ces intérêts d’ailleurs n’étaient point les seuls dont on eût alors à s’occuper à Berlin, et deux négociations bien distinctes s’y poursuivaient concurremment. L’une, que l’on vient d’indiquer, avait pour objet de conclure la paix avec les états belligérant, l’autre de régler l’alliance avec les états appelés à faire partie de la confédération nouvelle dont le traité de Prague sanctionnait la formation. M. de Bismarck avec son activité habituelle s’était mis immédiatement à l’œuvre; il entendait ne laisser aucun intervalle entre la conclusion de la paix et la réalisation des avantages qu’elle assurait. Il poussa donc à la fois ces deux affaires. Certains états, la Saxe pour toutes ses possessions, la Hesse pour ses districts situés au nord du Mein, étaient engagés dans l’une et l’autre négociation. Toutes deux se touchent de si près que l’on ne peut résumer utilement les résultats de la première sans faire connaître la seconde. On sait que le 16 juin 1866 la Prusse avait invité, par des notes identiques, les petits états du nord à conclure avec elle une alliance sur les principes de réforme communiqués le 10 juin, et qu’à l’exception de Reuss, branche aînée, et de Saxe-Meiningen, tous y avaient adhéré. Le 4 août, le gouvernement prussien leur adressa, sous