Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/801

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à Horenowes, relié à l’Elbe, à l’extrême droite, par une brigade placée à Trotina et deux bataillons à Racitz. Restaient en réserve les 1er et 6e corps et cinq divisions de cavalerie établis à un demi-mille en arrière du centre. Il résulte de ces dispositions que Benedek croyait à une attaque de front et à une action principale vers le pont de Sadowa, au-dessous de Lipa, lieu où la route de Gitschin traverse la Bistritz et atteint les premières hauteurs. Il ne s’attendait au contraire qu’à une forte démonstration sur la droite. De là vint que, bien que Chlum fût fortifié, il ne s’attacha pas à garnir ce point culminant de ses positions de droite, ni même à y placer des observateurs qui pussent de ce côté surveiller les mouvemens de l’ennemi. L’armée autrichienne présentait ainsi un front de bataille de plus 11 kilomètres. Elle avait un effectif de 206,000 combattans, mais elle était affaiblie de plus de 35,000 hommes depuis le commencement de la campagne. Elle avait été constamment repoussée; des sept corps qui la composaient, deux seulement restaient intacts; les autres, épuisés par les marches, démembrés par leurs pertes, avaient eu à peine le temps de se refaire. Cette armée cependant n’était point découragée, elle désirait l’action; elle avait encore confiance dans son chef, et elle montra bien qu’elle n’avait rien perdu de sa ténacité. Ce ne fut point la fermeté en effet qui manqua, ce fut l’élan. C’est dans ces conditions que Benedek se préparait à livrer une bataille gigantesque et à affronter le choc d’un ennemi victorieux, dont le succès décuplait l’ardeur, et que tout avait servi jusque-là, même ses fautes. Enfin, pour ajouter à tant de causes fâcheuses, le chef de l’état-major autrichien avait été remplacé le 2 juillet, ce qui rendit plus difficile encore les mouvemens, déjà si compliqués, de cette immense armée. Benedek d’ailleurs ne s’attendait point à être attaqué avant le 4. Il était prêt, mais il croyait que les Prussiens auraient besoin de quelques jours de repos.

Il ne se trompait pas entièrement. Pensant que Benedek les attendrait de l’autre côté de l’Elbe, en arrière du fleuve, protégé sur ses ailes par les deux places de Josephstadt et de Kœnigsgrætz, ils avaient résolu de laisser les troupes se reposer jusqu’au 4 ; mais lorsqu’ils surent, le 2 au soir, dans quelle position on se préparait à leur livrer bataille, ils ne voulurent point en perdre l’avantage. Malgré la fatigue des troupes et l’éloignement relatif de l’armée du prince royal, on résolut de reprendre immédiatement l’offensive. On devait marcher en trois colonnes sur Kœnigsgrætz; le général Herwarth, avec l’armée de l’Elbe, attaquerait la gauche des Autrichiens sur la Basse-Bistritz, le prince Frédéric-Charles leur centre, à Sadowa; le prince royal les prendrait à revers sur leur droite.