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corps que d’obtenir du premier coup deux résultats d’une importance stratégique considérable. Il fallait d’abord assurer les communications entre les deux parties est et ouest de la monarchie prussienne; il fallait ensuite circonscrire les deux théâtres d’opérations, les disjoindre et couper les Autrichiens des Bavarois. On croyait à Berlin à une offensive de Benedek; on pensait qu’il occuperait la Saxe. C’était de ce côté qu’il importait d’agir avec le plus de décision. Le 16 juin, la droite et le centre de l’armée prussienne franchirent la frontière saxonne. Ils ne trouvèrent aucune résistance. L’armée évacua aussitôt le pays et rejoignit en Bohême les Autrichiens, qui ne bougèrent pas. Le 18, le général Herwarth entrait à Dresde, tandis que le prince Frédéric-Charles faisait réparer les chemins de fer, rétablissait les communications et occupait Bautzen et Zittau. On s’assura des lignes de Dresde à Plauen et à Chemnitz. La population reçut les Prussiens avec une résignation sérieuse et triste; on la traita avec égards. Les avant-postes furent portés à la frontière de Bohême; on fit venir de Berlin, pour garder Dresde, le général Mulbe avec son corps de réserve. Le 20 juin, la Saxe entière était entre les mains des Prussiens, et l’armée d’opération pouvait continuer sa marche.

Les mouvemens exécutés à l’ouest par le général Falkenstein n’étaient pas moins heureux. La division Beyer eut l’ordre de marcher de Wetzlar sur Cassel ; elle y arriva le 19. Les Hessois s’étaient retirés précipitamment sur Fulda, après avoir coupé le chemin de fer de Giessen à Marbourg. L’autorité de l’électeur fut suspendue et lui-même transporté à Stettin le 24. La petite armée hessoise cependant avait pu rejoindre le 8e corps fédéral. L’armée hanovrienne n’eut pas le même bonheur. A peine mobilisée, on la transporta, du 15 au 17, par trains express jusqu’à Goettingue. Dans la précipitation de ce départ, on dut abandonner de nombreuses munitions et 60 canons, dont les Prussiens s’emparèrent. Le 17, le général Falkenstein fit son entrée à Hanovre; le général Manteuffel l’y rejoignit le 18, venant du Holstein. La marine s’était emparée des points les plus importans des côtes. Le 22, on était maître de tout le Hanovre. On s’était mis dès le 19 à la poursuite des Hanovriens, qui, forts de 18 à 19,000 hommes avec une bonne cavalerie et 52 canons, cherchaient à s’organiser autour de Goettingue. Le dessein du roi George, qui, malgré sa cruelle infirmité, restait au milieu de ses troupes, était de gagner la Bavière par Gotha et Eisenach. Cette partie de la province de Saxe n’était gardée que par deux bataillons du contingent de Cobourg, sous le colonel Fabeck. Hs n’eussent point présenté un obstacle sérieux, si l’armée hanovrienne avait pu agir immédiatement, si les Bavarois avaient, pour