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zaine un salaire proportionné à son habileté. A la fin de l’année, après que l’intérêt du capital et l’amortissement ont été prélevés, on nourrit le fonds de réserve, on affecte une certaine somme à une caisse de secours et de retraite, et le reste est partagé par parties égales entre le capital et le travail. La durée des services influe sur la participation, à laquelle on n’est d’ailleurs admis qu’après un noviciat. L’ouvrier qui se fait renvoyer ou qui s’en va volontairement perd tout droit aux bénéfices de l’année courante. Telles sont les règles générales qui peuvent se modifier à l’infini suivant les industries. En somme, le système de la participation mérite d’être mis en honneur. Partout où l’on y a eu recours, on en a reconnu l’efficacité. C’est ainsi qu’en Angleterre on s’est mis à l’employer dans les charbonnages, où les rapports étaient très tendus entre les patrons et les ouvriers; l’antagonisme a cessé tout de suite, et l’exploitation, qui était continuellement troublée par des grèves, a pris une marche régulière. En France, nous avons une marge immense pour l’application d’un pareil système. Il peut féconder toutes les industries, depuis les plus modestes jusqu’aux plus considérables. Il relève l’ouvrier et il en fait un associé, moins complètement sans doute, mais aussi plus facilement et plus sûrement que le système coopératif. Aussi, bien que les délégués soient restés à peu près muets ou aient du moins montré beaucoup de froideur à cet égard, il nous a paru nécessaire d’en parler au moment où nous exposions ce qui touche à la coopération. C’est une affaire urgente en effet que de préconiser tous les moyens propres à rapprocher les ouvriers des autres groupes de la société. Il ne faut pas qu’ils s’habituent à former une masse isolée et menaçante. Dans notre monde moderne, il n’y a plus de classes à proprement parler, et, si ce terme revient quelquefois dans notre langage, tout le monde comprend qu’il s’applique à des groupes mobiles toujours prêts à se fondre partiellement l’un dans l’autre. On travaille en somme dans tous ces groupes à la même œuvre, on y poursuit les mêmes objets, et les intérêts, à les examiner de près, y sont communs.


C’est assez, nous avons fini, nous ne pousserons pas plus loin cet examen. On a pu voir par les indications que nous avons données ce que contiennent les rapports des délégations ouvrières et ce qui leur manque. Au point de vue technologique, quelques-uns d’entre eux seulement constituent des manuels complets où l’on peut suivre les diverses opérations d’un métier, et où les ouvriers notamment peuvent s’instruire des perfectionnemens qu’il leur importe de connaître; les autres, à défaut d’un cadre satisfaisant, offrent du moins çà et là quelques filons à exploiter. Au point de vue