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du Faubourg-Saint-Denis et transportée en 1849 dans la rue de Bondy. Cette association subsiste encore après des alternatives de succès et de revers; elle a réuni un moment 150 sociétaires.

L’horlogerie a des origines savantes, et les progrès en sont directement liés à ceux de la science. C’est Huyghens qui en 1658 appliqua le pendule aux horloges, et qui en 1674 inventa pour les montres le ressort en forme de spirale; ces ingénieux organes se perfectionnèrent à mesure que les lois de la physique et de la cosmographie furent mieux connues. George Graham, horloger à Londres, eut le premier l’idée en 1715 de combiner le cuivre et l’acier pour faire un pendule compensateur. L’échappement à ancre fut inventé en 1680 par Clément, autre horloger anglais; puis vint l’échappement à cylindre et aussi l’échappement à chevilles, inventé en 1754 par Beaumarchais, l’auteur du Barbier de Séville. L’industrie des horloges se répandit de bonne heure dans la Souabe allemande et les contrées qui bordent la Forêt-Noire. La fabrication des montres est depuis un siècle la principale industrie de la Suisse. Vers 1794, une centaine de familles de Neufchâtel chassées par des troubles civils vinrent demander l’hospitalité à la France et se fixer à Besançon ; elles étaient principalement composées d’horlogers, qui continuèrent à exercer leur profession. La fabrication des montres s’établit ainsi en France, et après des débuts pénibles elle a pris depuis quelques années une très grande extension. En 1849, Besançon ne fabriquait encore que 38,000 montres, dont le quart en or et le reste en argent; en 1866, la fabrication était montée à 305,000 montres, dont le tiers en or. Le travail a donc décuplé en sept ans. Quant aux horloges, aux pièces monumentales, elles se fabriquent de longue date à Paris avec une grande supériorité, comme d’ailleurs les pendules de toute sorte. Plusieurs familles d’horlogers sont ainsi devenues héréditairement célèbres dans l’industrie parisienne; il suffit de nommer les Leroy, les Lepaute, les Bréguet. Les Anglais de leur côté ont conservé certains avantages dans la fabrication des chronomètres et des montres de précision.

Voici maintenant les tailleurs. C’est sous le règne de saint Louis qu’ils commencèrent à former des confréries ou corporations; mais ils ne furent érigés en communauté[1] qu’en 1293, sous Philippe le Bel, qui leur donna des statuts. Ils s’appelaient tailleurs de robes, une robe plus ou moins longue étant alors le costume principal. Plus tard, quand le pourpoint devint le vêtement à la mode, ils reçurent le nom de tailleurs pourpointiers. Une catégorie spé-

  1. Les communautés corporatives ont été au nombre de 44, réunies en 6 catégories de marchands; les tailleurs étaient placés dans la quarantième communauté, avec les fripiers.