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régulier, va tenir ses assises à Naples, et on dit déjà que M. Rattazzi va paraître là comme chef de l’opposition. Que va faire le parlamentino à Naples ? C’est ce qu’il est difficile de dire. Il ne fera peut-être rien, si ce n’est des discours que le public napolitain ne manquera pas d’applaudir. Pour que la gauche pût faire quelque chose de sérieux à Naples, il faudrait qu’elle eût avec elle les Piémontais, qui sont un des élémens les plus essentiels de l’opposition dans le parlement. Or les Piémontais ne semblent nullement pressés d’aller se joindre à ces manifestations, et il est bien certain qu’ils seront plus que froids, si, comme on le dit maintenant, le pariamentino doit agiter la question du transfert de la capitale de Florence à Naples. Turin n’aime pas Florence, il n’aimerait pas beaucoup plus Naples, et il se résignerait peut-être à Rome ; mais on n’en est pas là, et en attendant l’Italie a plus besoin de calme et de travail que d’agitations et de récriminations toujours stériles. ch. de mazade.




ESSAIS ET NOTICES.

études nouvelles sur l’antiquité.

Le vaste domaine de l’antiquité peut être abordé de bien des côtés. Chacun y entre par la frontière qui lui convient et y suit le chemin qu’il préfère. Qu’importe le but qu’on se propose en y pénétrant et la façon dont on se dirige ? Il se trouve toujours que les découvertes qu’on y fait, quelque particulières qu’elles paraissent, ont un intérêt général, et quoique la lumière soit concentrée sur un point, tout l’ensemble en est éclairé. C’est ainsi que de nos jours les recherches en apparence si spéciales et si bornées des philologues, des épigraphistes, des jurisconsultes, nous ont donné une intelligence plus nette du génie antique. Les jurisconsultes surtout, en restituant quelques textes incomplets, en retrouvant le sens de quelques lois obscures, ont rendu tout le reste plus clair. Ils nous ont fait mieux connaître la constitution de Rome, et par là ils ont renouvelé l’idée que nous nous faisions de son histoire. Il importe que le résultat de leurs études sorte de ce monde restreint où elles ont pris naissance, et il faut que l’attention publique soit éveillée sur des travaux dont les conséquences sont si étendues.

À propos du sénatus-consulte Velléien, qui, au premier siècle de l’empire, interdisait aux femmes de s’obliger pour autrui, M. Gide nous a donné un très bon livre, à la fois plein de science et d’intérêt, sur la condition privée de la femme chez tous les peuples[1]. C’est le premier

  1. Étude sur la condition privée de la femme dans le droit ancien et moderne, par M. Paul Gide, agrégé à la Faculté de droit de Paris. Paris, Durand et Thorin.