Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

modelées. Ces envois ont résumé les meilleurs travaux des écoles. Si les résultats ne correspondent pas à la grandeur des efforts et des sacrifices faits par le comité, les examinateurs se plaignent en des termes qui ne sont pas toujours exempts d’amertume. Leurs reproches sont publiés. « Nous sommes surpris, est-il dit dans le rapport de 1867, que les nombreuses occasions d’étude, les grandes facilités accordées pour obtenir de bons modèles, la libéralité des encouragemens offerts,… n’aient pas rencontré un accueil plus généreux. » Il s’agit ici d’ailleurs, en ce qui concerne ces récriminations un peu dures, d’une partie de l’art qui demande plus que toute autre peut-être un goût déjà formé, le modelé d’après l’antique. Un peuple nouveau-venu dans ces travaux y réussira moins que ses émules, incapable qu’il est encore de comprendre la calme et sereine beauté des objets qu’il a sous les yeux. Pour en ressentir l’impression, il faut avoir vécu dans une longue familiarité avec les œuvres des anciens. Cette faiblesse signalée par les examinateurs dans les ouvrages des écoliers de Kensington, et qu’on trouverait sans trop chercher dans les statues de bronze ou de marbre des meilleurs artistes de la Grande-Bretagne, n’a donc rien qui doive étonner. L’art élevé n’est pas une plante qui vienne sans culture, et les Grecs, qui sont restés les maîtres de la statuaire, ne sont pas arrivés du premier coup à la claire perception des belles formes qu’ils nous ont laissées. Avec la même franchise qu’ils signalent les défaillances, les documens du comité tiennent compte des succès particuliers ou généraux. Le rapport de 1867 se termine, après une page de plaintes assez nettes, par quelques lignes d’encouragemens en faveur de plusieurs écoles. Les produits manufacturés, exposés avec les dessins qui ont servi de modèles et qui proviennent des écoles de Dublin, de Nottingham pour les tapis, de Kidderminster pour les papiers peints et la joaillerie, de Birmingham, de Glasgow, de Kensington enfin, montrent quelle influence favorable les travaux de ces écoles ont exercée sur l’ensemble des œuvres industrielles du pays.

Nous voyons quels ont été les commencemens de South-Kensington. On a d’abord formé des élèves. On a fait usage, pour ne pas perdre trop de temps à choisir, de tous les élémens qu’on avait sous la main, bons, médiocres ou même plus que médiocres, ce dont témoignent presque tous les rapports fournis par les inspecteurs de Kensington. Il fallait aller au plus pressé. On savait d’ailleurs que les écoliers pourraient devenu des maîtres à leur tour, qu’on trouverait peu à peu parmi eux, par une sorte de sélection naturelle et forcée, une pépinière de professeurs capables de prendre goût à leurs études et de transmettre à leurs élèves un savoir plus