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pour ce qu’on demande d’eux. Leurs sculptures sur bois ont cependant une certaine lourdeur commune à toutes les œuvres de l’Allemagne, mais plus visible ici qu’à l’ordinaire.

L’Autriche n’a pas fourni de remarquables preuves de ses facultés d’art. Le dessin dans les écoles populaires y occupe cependant une assez grande place. Malheureusement les efforts faits en ce sens sont aux trois quarts perdus. La direction est souvent plus qu’insuffisante, et les modèles, empruntés en plus d’un endroit à la France, sont détestables. L’exécution est faible, on cherche plus l’éclat que la franchise du trait ; le crayon de mine de plomb, qui se prête si mal aux travaux de longue haleine et surtout à ceux de quelque largeur, est employé pour l’ornement, la figure, l’académie. La préférence donnée à ce crayon s’explique naturellement, il est plus facile à manier. L’élève n’a pas besoin pour s’en servir convenablement d’acquérir quelque souplesse de main, et, pour peu qu’il appuie avec vigueur en certains endroits, le dessin n’est pas dépourvu d’un certain aspect de solidité pompeuse tout artificielle, mais qui suffit à satisfaire le maître et l’écolier, s’ils sont décidés à se contenter de peu. Là, comme dans le reste de l’Allemagne, les dessins géométriques, les lavis, les tracés de mécanique, ne sont pas loin d’être irréprochables. On donne à ce genre de dessin de deux à trois heures par semaine et autant à l’autre dessin. Dans certains établissemens cependant, tels que l’école supérieure de Wieden, à Vienne, le temps consacré à ces exercices est plus que doublé. Aussi les résultats obtenus sont-ils fort brillans. Ils le sont moins à Passau, à Brunn, à Pancovvie, oi ! i l’enseignement est cependant bien compris et où l’étude du dessin est menée d’une façon sérieuse, à Linz, Troppen, Llm. Ces écoles avaient envoyé à l’exposition de 1867 d’énormes albums reliés avec un luxe que ne comportaient pas la nature et le mérite des objets exposés. Des dessins trop peu nombreux provenant des écoles hongroises se faisaient remarquer par une exécution assez large. Pour les cours d’adultes, les écoles du dimanche, l’Autriche est encore loin du mouvement dont nous sommes témoins en France, et plus loin encore des trente-trois mille écoles qui fonctionnent le dimanche en Angleterre.

Les pays jadis régis par les Turcs, les principautés, ont tout à faire pour le dessin. Leurs anciens maîtres, les croyans de l’islam ne sont guère favorables, on le sait, aux manifestations de l’art. Ceux à qui leur loi défend de représenter l’homme et les animaux, ceux qui pour nous donner l’idée d’une bataille en sont réduits à figurer quelques fusils et beaucoup de fumée, ne seront jamais, tant qu’ils garderont leur foi, des artistes de premier ordre. Les populations