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sieurs choses que nous regardons comme de pur agrément : la musique de violon, de piano et d’orgue, le dessin, figurent parmi ces exercices ; la gymnastique n’est pas oubliée, même pour les femmes, et des livres chargés d’images rendent sensible cet enseignement. Il semble que la Saxe ait voulu faire revivre la devise des anciens, « l’esprit sain et le corps robuste. » Des cartes, des livres de dessins représentant l’objet d’abord au simple trait, ensuite avec l’indication du relief et des ombres, des compositions qui mettent en action l’histoire nationale, des reproductions à larges traits des œuvres des grands maîtres, tels sont les procédés d’enseignement par les yeux. Les dessins des écoles, petitement et puérilement esquissés et quelquefois recouverts de couleurs lavées, ne sont pas malheureusement à la hauteur de ce qu’annonce cet ensemble d’études.

Bien supérieurs à la Saxe au même point de vue apparurent en 1867 les petits états de Hesse et de Darmstadt. À Darmstadt, l’institut polytechnique du travail fabrique des modèles en fer, en bois, en cuivre, de machines capables de fonctionner pour peu qu’on les mette en mouvement à l’aide d’un levier. Ces modèles sont destinés aux écoles. Malheureusement il ne faut encore songer chez nous à rien de semblable. Les écoles, les cours d’adultes, les établissemens d’instruction même secondaire, ne sont pas assez riches pour acheter de ces collections. Quant à la Hesse, l’enseignement du dessin, dont la direction est excellente, y semble presque primer tous les autres, et les ouvriers paraissent avoir acquis une habileté théorique et pratique digne de la plus sérieuse attention.

Nous arrivons à la Prusse. On sait à quel point elle est fière de ses institutions pédagogiques et de son instruction primaire. On nous a répété à satiété que la bataille de Sadowa a été gagnée par ses instituteurs, si bien que le conseil d’état de la Porte ottomane a cru devoir lui emprunter ses règlemens sur cette matière. On a tout fait en Prusse pour rendre l’école attrayante et lui retirer l’aspect d’une prison, d’une caserne ou d’un couvent en miniature. Dans l’école primaire, le dessin est employé sous toutes ses formes. Les murailles sont tapissées non-seulement de cartes, mais aussi de grandes estampes coloriées. Les estampes ne sont pas irréprochables, ce qui est fâcheux, car rien n’est trop pur de forme, rien n’est trop beau pour des figures qui doivent être mises sous les yeux de l’enfance. Chacun de nous sait avec quelle invincible obstination la mémoire garde les premières impressions qu’elle a reçues. Si ces images exposées ne sont point parfaites, elles ont un mérite cependant ; sans compter celui d’égayer et d’orner des murs si souvent tristes et nus, elles sont simples et précises : elles représentent