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personnalité absolue d’un dieu séparé du monde. Ce fait, que tout le monde peut observer, puisqu’ici les livres abondent, doit-il s’expliquer par une différence dans les races ou bien par des causes particulières et par une réaction de l’organisation politique du clergé romain sur le dogme fondamental ?

Il est certain que, livré à lui-même et soustrait à toute influence étrangère, l’esprit de l’Arya va droit à l’unité absolue de l’être et de la substance : c’est ce qu’ont prouvé les dogmes de la Perse et mieux encore ceux de l’Inde ; mais d’un autre côté les Grecs de l’empire et ceux d’aujourd’hui ne semblent pas être plus Aryas que nous et que nos ancêtres, car il ne reste en Occident que de bien faibles traces des populations antérieures à l’arrivée des Aryas, et rien ne prouve que ces populations n’occupaient pas autrefois les pays grecs aussi bien que le reste de notre continent : on a trouvé des haches de pierre sur le sol hellénique. Il est donc naturel d’admettre la dernière explication. En effet, l’église de Rome, une fois constituée en monarchie, devait être une « cité de Dieu » sur la terre, expression qui répond exactement à l’idée sémitique, et tout portait ainsi ses docteurs à concevoir Dieu comme un prince tout-puissant, puis comme un seigneur suzerain et comme un roi, rex tremendœ majestatis. La partie du rituel latin postérieure à la séparation des deux églises est remplie d’expressions qui rendent cette pensée. L’influence des constitutions sociales et politiques de l’Occident a donc réagi sur la doctrine métaphysique elle-même. Si cette explication est vraie, le problème se déplace ; il ne reste plus qu’à savoir pourquoi les peuples de l’Occident ont adopté de telles constitutions, qui semblent avoir amoindri la théorie religieuse. C’est là le problème général de la race aryenne tout entière. Or en cela aussi elle se distingue profondément des autres races et notamment de celle des Sémites, car ces derniers sont aujourd’hui dans l’état social où ils étaient il y a deux mille ans ; ils n’ont pu concevoir ni réaliser chez eux une véritable constitution politique, tandis que les Aryas les parcourent toutes successivement, avec plus ou moins de vitesse, mais dans un ordre qui paraît constant.

Quant à la doctrine fondamentale, on ne peut guère se tromper en admettant qu’elle revient toujours à sa forme absolue, et qu’à travers toutes les modifications que des causes passagères peuvent lui imposer, elle persiste comme l’esprit de la race, qui une première fois l’a conçue dans sa sincérité et dans sa spontanéité. De là vient que nous, Aryas, quand nous nous donnons la peine d’étudier et de comparer entre eux le Coran, la Bible et le Vêda, nous repoussons le premier comme l’œuvre d’une race inférieure à la nôtre ; le second nous étonne d’abord sans trop nous charmer, nous