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antérieures de son crâne, où sont renfermés les organes de l’intelligence, sont déjà solidement engrenées, souvent même soudées entre elles. Dès lors tout accroissement ultérieur du cerveau et en particulier de la matière grise est devenu impossible. Dans les races aryennes, de tels phénomènes ne se produisent à aucune époque de la vie, du moins on ne les y rencontre pas chez les personnes dont le développement a été normal. Les os de la tête, conservant toujours une sorte de mobilité les uns par rapport aux autres, permettent à l’organe intérieur de continuer son évolution, et d’éprouver des transformations jusqu’au dernier jour de la vie, Lorsque dans les dernières années nos fonctions cérébrales viennent à se troubler, ce dérangement est dû non point à la conformation externe de la tête, mais, selon toute vraisemblance, à l’ossification des artères. Aussi voyons-nous fréquemment parmi nous des vieillards conserver le libre exercice de leurs fonctions cérébrales jusqu’à leur mort.

À ces faits d’une nature toute physiologique en répond un autre qu’il importe de signaler, car il dépend aussi de la loi qui préside au développement physique et moral des races humaines. A quinze ou seize ans, le Sémite est parfait, son intelligence a tout le développement qu’elle peut acquérir. Depuis ce moment, le jeune homme ne fait plus de progrès, et pendant le reste de son existence sa vie intellectuelle s’entretient sur ce fonds primitif auquel il ne peut plus rien ajouter. Il y a en Égypte, en Palestine, sur les côtes de la Mer-Rouge et ailleurs des hommes fort bien constitués, dont le développement intellectuel s’arrête avant l’âge de dix ans. L’hiver dernier, nous avons relevé ces faits dans tout le levant de la Méditerranée, dont les grandes écoles ont successivement passé sous nos yeux. Au Caire, dans un magnifique établissement créé aux frais du vice-roi, les frères de la doctrine chrétienne donnent l’instruction à des musulmans, à des Grecs, à des Juifs et à des catholiques. Les élèves arabes y sont d’abord classés quant à l’intelligence avant les Francs, mais ne tardent pas à être dépassés par ces derniers. A Beyrouth, où se rencontrent aussi des enfans de plusieurs races, les maîtres observent que chez les Sémites le progrès, qui est très rapide dans les premières années, s’arrête à l’âge de huit ans ; dès lors ces élèves n’apprennent plus rien. De semblables observations ont été faites à Alexandrie chez les frères, à Ghazir chez les jésuites, à Antoura chez les lazaristes, à Jérusalem, à Alep, à Smyrne et dans beaucoup d’autres établissemens. A l’isthme de Suez, la longue durée des travaux a permis aux jeunes ouvriers sémites de s’initier aux ouvrages mécaniques du canal, quelques-uns des plus intelligens sont devenus contre-maîtres ; mais comme depuis leur adolescence ils n’ont point acquis de connaissances nouvelles et n’ont pu étendre celles qu’ils possédaient, ces excellens chefs d’ouvriers sont hors d’état de