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importantes : les tanneries, les papeteries (celles de Fabriano sont célèbres depuis six siècles), les fabriques d’armes et de couteaux (à Brescia notamment), les imprimeries, non plus, hélas ! celle des Alde, mais celles des Nobile, des Pomba, des Fraccadori. Les documens statistiques que nous avons sous les yeux sont imprimés pour la plupart à Florence, chez Barbera, avec beaucoup de soin, d’élégance et de netteté. L’activité de la typographie a décuplé depuis qu’il est permis aux Italiens de lire et d’écrire ; mais, forcés de nous borner, nous ne parlerons que de la soie, industrie fort ancienne en Italie.

La culture du mûrier a pris dans ces derniers temps un développement considérable ; avant la maladie des vers à soie, ces arbres féconds rapportaient au pays plus de 200 millions. L’invasion de la maladie a diminué ces profits ; il n’en est pas moins vrai qu’en 1866 l’Italie avait 4,092 filatures ouvertes, dont 1,819 appartenaient à la Lombardie, et, de ces dernières, 172 marchaient par la vapeur. La production de la soie grège s’est élevée à 111,651 myriagrammes. Ce sont les fileurs de Côme qui ont tiré le meilleur parti de leurs bassines ; ils ont produit deux fois plus que ceux de Bergame, qui méritent le second prix. Viennent après ceux de Milan. On voit que la Lombardie marche en tête. Suivent les autres provinces du nord ; plus on descend, plus la production diminue. Un fait à remarquer, c’est que l’exportation des soies grèges tend à décroître, tandis que celle des tissus de soie augmente. 150,000 Lombards vivent de cette industrie, et nombre d’entre eux s’y enrichissent.

Nous avons parcouru à toute vapeur l’Italie des laboureurs et des artisans ; mais que d’hommes oubliés dans cette excursion rapide ! Nous n’avons pu compter les commerçans : ils ne sont qu’environ 700,000. Le commerce, en Italie, attire cinq fois moins de gens que n’en requiert l’industrie. Ce n’est guère qu’en Sicile, en Toscane et dans les provinces du nord qu’abondent les marchands, hommes pour la plupart, car les Italiennes, tous les voyageurs ont dû le remarquer, ne figurent que bien rarement derrière les comptoirs ; elles ne forment qu’un septième de la population commerçante, encore ne les emploie-t-on qu’à la vente au détail. Les marchands d’Italie, dans le midi surtout, sont gens rusés et retors ; on cite aussi comme très fins et hardis ceux de Gênes. Au reste, un pays qu’entourent trois mers et qui possède, en comptant les îles, un littoral plus étendu que celui de l’Angleterre, un pays qui offre tant de ports, et, parmi ces ports, sept très grandes villes, n’a besoin, pour s’enrichir par le développement de son commerce, que de quelques années de répit. À cette population de travailleurs,