Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 76.djvu/401

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

élèvent des vers à soie remarquent sur ces animaux un vaisseau dorsal dont les mouvemens alternatifs de contraction et de dilatation sont parfaitement visibles au travers de la peau. Malpighi reconnut le cœur dans cet organe pulsatile, et il a signalé comme un fait bien notable cette forme tubuleuse du cœur si éloignée de la forme conique qu’il affecte chez les animaux vertébrés. Mais la soie, cette matière textile, la plus belle que les hommes aient jamais rencontrée, dans quel organe est-elle formée? On l’ignorait il y a deux siècles. Malpighi observa les volumineuses glandes qui produisent la précieuse substance, et il vit comment cette substance, encore semi-fluide, traverse la filière et arrive jusqu’à un petit orifice situé dans la lèvre inférieure, d’où elle est tirée au-dehors par l’animal. Malpighi examina également les caractères particuliers de l’appareil digestif, et il constata l’existence d’un système nerveux formé d’une chaîne de noyaux médullaires. Chez le papillon, il étudia spécialement les organes de la reproduction. Aucune partie n’avait donc été négligée. Une notion générale de l’organisation d’un insecte se trouvait acquise par le travail de Malpighi, c’était un fait immense pour la philosophie scientifique. La comparaison de l’organisation d’un insecte avec celle d’un animal vertébré était devenue possible dans certaines limites; c’était la première étape dans cette voie de recherches qui devait conduire à la connaissance de la création animée. L’ouvrage sur le bombyx du mûrier a été imprimé à Londres en 1669 par les soins de la Société royale, qui a inséré dans ses mémoires particuliers une foule d’autres écrits de l’illustre professeur de Bologne.

Nous venons de voir Malpighi anatomiste habile et plein de ressources dans l’investigation: pourrions-nous oublier tout à fait qu’il a été l’un des botanistes les plus considérables de son époque, un émule de Nehemiah Grew? Employant le microscope sans négliger d’autres moyens pour l’étude de la structure des végétaux, il a vu exactement les cellules qui constituent le tissu fondamental et fort bien reconnu les principaux vaisseaux. Le succès l’a abandonné seulement quand il s’est lancé dans des vues théoriques sur le rôle des appareils qu’il avait observés. Des recherches sur la germination des graines, poursuivies avec un soin particulier, forment encore un beau chapitre des œuvres de Marcello Malpighi.


III.

Si nous voulons suivre les premiers observateurs au microscope, nous les trouverons maintenant en Hollande. Petite par l’étendue de son territoire comme par le chiffre de sa population, la républi-