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ment en sa possession lui servit de modèle pour en construire d’autres. Le fait ne reste maintenant douteux pour personne.

Le microscope commençant à être connu et apprécié, opticiens et naturalistes tentèrent de le perfectionner. Robert Hooke, l’un des premiers observateurs au microscope, construisit des instrumens qui furent très admirés. Un opticien de Rome, Eustachio Divini, qui jouissait dans toute l’Europe d’une grande réputation pour son habileté à travailler les verres, fabriqua aussi des microscopes fort estimés en leur temps. Par exemple, les instrumens de l’opticien de Rome ne devaient pas être d’un usage commode; par les dimensions, ils ressemblaient à de petites pièces d’artillerie. On serait porté à croire que les microscopes composés, ayant une puissance très supérieure à celle des microscopes simples, ont été préférés par les auteurs des plus grandes découvertes; c’est le contraire qui a eu lieu. Les microscopes composés présentaient de graves défauts. Plus il y avait de lentilles combinées, plus les objets apparaissaient déformés; l’achromatisme des lentilles de verre n’était pas connu. Ensuite, certaines dispositions étant imparfaites et la nature des verres plus imparfaite encore, la lumière pénétrait peu dans l’instrument, surtout avec de forts grossissemens. On apercevait les objets comme s’ils étaient plongés dans une demi-obscurité. Des inconvéniens aussi fâcheux n’existaient pas avec les microscopes simples. Nous allons à présent voir les observateurs à l’œuvre.

Les premiers naturalistes qui emploient le microscope avec succès sont des membres de la Société royale de Londres, Henshaw, Robert Hooke, Nehemiah Grew. Henshaw s’occupe de la structure des végétaux, et il fait bientôt une observation capitale. Examinant des tiges à l’aide d’un grossissement un peu considérable, il aperçoit, courant entre les fibres ligneuses, d’admirables tubes formés d’une délicate membrane et d’un fil ou plutôt d’une lame mince et étroite contournée en une élégante spirale. Henshaw avait découvert les vaisseaux des plantes que l’on a nommés les trachées à raison d’une certaine ressemblance d’aspect avec la trachée-artère de l’homme et des animaux supérieurs ou avec les trachées des insectes. Robert Hooke avait pris dans sa jeunesse un goût extrême pour le microscope; il employa cet instrument pour des observations qui ont été consignées dans un livre publié en 1665 sous le titre de Micrographia. L’ouvrage se compose de grandes figures et de descriptions d’objets vus à l’aide de verres grossissans, comme s’exprime l’auteur. Hooke observe la structure celluleuse des végétaux, et dans les mousses il reconnaît les corps reproducteurs. Avec son microscope, il regarde les yeux d’une mouche, et, chose alors bien