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ministre tel que Colbert l’idée d’un acte important à accomplir. Colbert proposa donc à Louis XIV d’instituer une Académie des Sciences, et la proposition fut aussitôt accueillie. Régulièrement en possession d’un local à la Bibliothèque du roi, les membres de l’Académie, mathématiciens, astronomes, naturalistes, travaillèrent avec l’entrain d’hommes bien persuadés que l’on attend d’eux de grandes choses. Les animaux de la ménagerie de Versailles qui venaient à mourir étaient mis à la disposition des anatomistes, Claude Perrault, si connu de tout le monde comme l’architecte de l’Observatoire de Paris et de la colonnade du Louvre, Joseph Duverney, Jean Méry. A ses débuts, l’Académie ne publiait aucun recueil; les résultats des dissections des naturalistes furent l’objet de mémoires spéciaux, accompagnés de planches dessinées par Claude Perrault ou par le géomètre Lahire, son collègue à l’Académie.


II.

Au moment où les académies dont nous venons de rappeler l’origine commençaient à fonctionner, les sciences naturelles étaient déjà représentées par un ensemble de connaissances dont on pouvait s’enorgueillir. On possédait des notions précises sur l’organisation de l’homme et des animaux domestiques. En continuant à observer les mêmes sujets et toujours avec la même simplicité de moyens, la probabilité de faire de nouvelles découvertes semblait assez faible. Les mieux avisés comprirent aussitôt de quels côtés les efforts devaient être dirigés pour obtenir de grands succès. Si l’homme et les animaux supérieurs avaient déjà été beaucoup étudiés, on ne savait rien néanmoins de la structure des organes, rien de la nature des liquides de l’organisme. On était dans une ignorance complète à l’égard des animaux inférieurs. Les sujets de recherche étaient donc sans nombre, les découvertes assurées aux investigateurs assez patiens et assez habiles pour imaginer des moyens d’étude qui avaient manqué à leurs devanciers, et vaincre les difficultés d’observation qui avaient pu jusque-là paraître insurmontables. Les naturalistes, s’apercevant que les meilleurs yeux du monde ne suffisent pas pour distinguer la structure des organes ou les détails de la conformation d’un insecte, songèrent à se donner pour auxiliaires des verres grossissans. Les microscopes furent inventés. Ces instrumens, d’abord très imparfaits, permirent déjà de voir certains détails dont l’existence n’était pas soupçonnée. C’était un encouragement. Plusieurs observateurs n’eurent plus qu’une pensée, obtenir des instrumens d’une grande puissance, et l’un d’eux.