Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 76.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Français sont Pierre Belon, qui naquit à la Souletière, près du Mans, en 1517, et Guillaume Rondelet, né à Montpellier en 1507, mort dans cette même ville en 1565. Salviani vécut à Rome, où il remplit les fonctions de médecin des papes Jules III, Marcel II et Paul IV. Belon, favorisé de la protection de l’évêque du Mans, René du Bellay, du chancelier de France, Guillaume Duprat, et enfin du cardinal de Tournon, visita une grande partie de l’Europe, de l’Asie-Mineure et de l’Égypte. Au retour de ses nombreux voyages, par une faveur de Charles IX, il fut logé dans le petit château de Madrid au bois de Boulogne, et il périt assassiné dans le bois en 1564. Rondelet, après avoir voyagé en France, en Italie, dans les Pays-Bas avec le cardinal de Tournon, dont il était le médecin, devint professeur d’anatomie à Montpellier, et il trouva dans cette ville un protecteur et même un collaborateur dans l’évêque Guillaume Pellicier. Belon s’occupa des oiseaux, et il mit au jour les Observations de plusieurs singularités et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, Judée, Égypte, Arabie et autres pays étranges; mais Salviani, Belon, Rondelet, dirigèrent principalement leurs recherches sur les animaux aquatiques, c’est-à-dire les poissons. Les ouvrages de nos trois zoologistes parurent presque en même temps, de 1553 à 1555.

Ces naturalistes, pleins d’érudition, un peu imbus encore des vieilles idées, tout en comprenant l’importance de l’investigation, croyaient augmenter l’intérêt de leurs écrits en y ajoutant de nombreux passages empruntés aux auteurs de l’antiquité. Ils se trompaient, mais comme ils avaient observé par eux-mêmes et comme ils avaient donné des figures reconnaissables des espèces, leurs travaux marquent dans l’histoire de la science un véritable début, plus qu’une renaissance. L’esprit qui avait fait naître les investigateurs indiquait la voie à suivre pour l’étude de la création animée. On profita peu d’abord de l’indication. Il y eut des compilateurs, comme Gessner et Aldrovandi. Conrad Gessner, né à Zurich le 26 mars 1515, professeur dans cette ville de 1555 à 1565, était un homme d’une érudition tellement vaste qu’il semblait posséder toutes les connaissances humaines. On lui doit une histoire des animaux dans laquelle se trouvent enregistrés tous les faits consignés par les anciens à côté des faits dus à ses propres observations, et une histoire des plantes conçue sur un plan analogue. Les écrits de Gessner, accompagnés de nombreuses figures de plantes et d’animaux, ont beaucoup contribué à répandre une infinité de notions d’histoire naturelle. Ulisso Aldrovandi était né en 1517 d’une famille patricienne de Bologne. Jouissant d’une certaine fortune, il dépensa cette fortune à faire peindre tous les animaux qu’il avait