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Ces dépenses, qui n’ont d’autre objet que de donner à la monarchie l’éclat dont on suppose qu’elle ne peut se passer, nous semblent, à vrai dire, peu dignes d’un pays libre, et nous préférons pour notre compte la modeste simplicité du président des États-Unis au faste de nos cours d’Europe.

Nous arrivons à la chasse bourgeoise, à la chasse à tir. On chasse à tir toute espèce de gibier, sauf le cerf, à moins qu’il ne s’agisse de destructions ayant pour objet d’en diminuer le nombre dans une forêt ; dans ce cas, on préfère tuer les biches. Il y a plusieurs espèces de chasses à tir : les battues, la chasse aux chiens courans et la chasse aux chiens d’arrêt. Les battues se font le plus souvent au bois. Une ligne de rabatteurs également distancés s’avance à travers les massifs et frappe les cépées d’un bâton de façon à faire lever les animaux qui s’y trouvent et à les pousser devant elle vers les tireurs, qui les attendent postés le long d’une route. On chasse de cette façon le sanglier, le chevreuil, le lièvre, le lapin et même le faisan. Parfois aussi, vers l’arrière-saison, quand les perdrix ne se laissent plus approcher, on fait des battues en plaine, dans les champs, pour envoyer les compagnies vers les chasseurs cachés dans des fossés ou abrités derrière des arbres.

Pour chasser à tir avec des chiens courans, il n’est pas nécessaire d’en avoir un grand nombre, deux ou quatre suffisent ; mais il faut qu’ils soient bons, de haut nez et très entreprenans. Ils font lever le gibier et le poursuivent jusqu’à ce que les chasseurs qui l’attendent dans ses passages habituels parviennent à le tirer. En général on tue plus de gibier avec des chiens lents et collés à la voie qu’avec des chiens qui ne laissent pas aux animaux le temps de ruser, et qui les obligent à prendre immédiatement un parti. Avec de petits chiens bien gorgés, le plaisir dure plus longtemps, et les animaux chassés se font battre dans les enceintes gardées par les tireurs, qui finissent toujours par les tuer. La connaissance parfaite des mœurs du gibier est indispensable au chasseur au chien courant, qui doit tenir compte de l’état de l’atmosphère, de la configuration du terrain, des cultures qui le recouvrent, toutes choses qui influent sur la station des animaux et sur la direction qu’ils prennent quand ils sont poursuivis. « La première arme de chasse, dit avec raison un auteur allemand, c’est la connaissance de l’histoire naturelle. »

La chasse au chien d’arrêt se pratique soit au bois, dans les jeunes taillis, soit en plaine, dans les champs dépouillés de leurs récoltes. Elle s’adresse particulièrement au gibier à plume, faisans, perdrix et cailles, qui vivent dans nos pays. Tout le monde sait qu’elle consiste à se mettre en quête avec un chien qui marque par