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gentilshommes et aides, 24 valets de limiers, 7 valets de chiens à cheval, 17 valets de chiens ordinaires, 92 pages. La dépense totale de sa vénerie et de sa fauconnerie s’élevait à 54,946 livres tournois. Vers cette époque, l’invention de la grenaille de plomb permit d’utiliser à la chasse les armes à feu, dont on ne se servait que fort peu, et donna à la chasse à tir une importance qu’elle n’avait pu avoir jusqu’alors.

Sous Louis XIII, la chasse continua d’être très en faveur. Ce prince aimait à chasser dans les bois qui entouraient un chétif hameau nommé Versailles. Ennuyé d’être obligé d’y coucher dans un moulin à vent ou dans un cabaret de rouliers, lorsqu’il revenait fatigué de ses longues courses dans la forêt de Saint-Léger, il fit construire en 1624 un petit pavillon de chasse qui fut remplacé en 1627 par un élégant château de briques et enclavé plus tard dans les gigantesques constructions de Louis XIV. Ce dernier débutait à l’âge de quatre ans par une chasse au sanglier dans le jardin du Palais-Royal, et pendant tout son règne il montra pour cet exercice un goût très prononcé. Il s’y livra avec la pompe et la magnificence qu’il mettait dans ses moindres actions, toujours accompagné d’une suite nombreuse et des dames de sa cour. Quand l’âge l’eut mis hors d’état de supporter le cheval, il suivit les chasses en voiture. Louis XV et Louis XVI continuèrent ces traditions, firent ouvrir de nombreuses routes dans les forêts royales et construire des pavillons à Sceaux, à Saint-Germain, au Butard, à Verrières, à Fausse-Repose, à Jouy. Louis XVI dépensait annuellement pour sa vénerie 352,657 livres, et n’eut pas d’autre passion. Les registres sur lesquels il inscrivait jour par jour l’emploi de son temps montrent la place que la chasse tenait dans sa vie, et constatent qu’il continuait à s’y livrer au milieu des événemens qui précipitaient vers sa ruine la royauté française. Le 4 juillet 1789, moins de quinze jours après le serment du Jeu de Paume, il chassait le chevreuil au Butard ; il en prit un et tua vingt-neuf pièces. Le 20 du même mois, six jours après la prise de la Bastille, le roi tua deux pièces en se promenant dans le petit parc. Le 5 octobre, jour où la populace de Paris se rua sur le château de Versailles pour en arracher la famille royale, le journal de Louis XVI porte cette mention laconique : « tiré à la porte de Châtillon, tué 81 pièces, interrompu par les événemens ; aller et revenir à cheval[1]. »

Pendant ces derniers règnes, on vit paraître aussi un certain nombre d’ouvrages de vénerie : ce sont notamment le Traité de Gaffet de la Briffardière en 1742, l’École de la chasse aux chiens

  1. Histoire de la Chasse en France, par M. Dunoyer de Noirmont.