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dastral, dont l’estimation est très modérée. Le ministre propose en même temps d’exonérer les écoles et les établissemens scientifiques dans les occasions qui pourraient donner lieu à l’application des droits de timbre et d’enregistrement. Ces dispositions vont rejeter le plus fort de la charge sur les classes supérieures. La noblesse et la bourgeoisie éclairée, qui font les lois en ce moment, se réservent l’honneur de payer l’impôt.

La maison impériale d’Autriche possédait un domaine territorial immense, situé pour la plus grande partie en Hongrie. Autrefois on inscrivait dans les comptes publics les produits bruts de ces biens à l’actif et les dépenses d’exploitation au passif. De cette façon, deux chiffres énormes qui se neutralisaient pour ainsi dire augmentaient d’une manière stérile les budgets autrichiens. Le plus grand nombre de ces domaines, composés de cultures, de forêts, de mines et usines, sont restés attachés à la couronne de Hongrie, dont ils provenaient. M. de Lonyay, pour ne pas gonfler inutilement son budget, s’est contenté de porter en recette les revenus nets des propriétés et exploitations domaniales; elles figurent à l’actif du bilan pour 7,147,500 francs.

Nous venons d’épuiser d’une manière à peu près complète la série des recettes ordinaires, qui donne un premier total de 246,700,000 fr. Il y a en outre un budget des ressources extraordinaires, correspondant aux besoins accidentels signalés plus haut. Nous avons rencontré d’abord au passif une somme de 20,137,000 fr. destinée à des dépenses supplémentaires pour l’armée. La contre-valeur figure en première ligne à l’actif extraordinaire sous ce titre : « part dans l’actif commun échéant cette année à la Hongrie. » Cette somme provient en grande partie des recettes de douanes et autres revenus dont l’exploitation est restée commune.

L’article qui suit pourrait être appelé le point noir du budget que nous analysons. La Hongrie a traversé assez récemment une série d’années affligées par la sécheresse, les mauvaises récoltes, l’épizootie; en même temps les charges publiques étaient aggravées, parce que les calamités naturelles coïncidaient avec les grandes guerres et les désastres de la couronne d’Autriche, La rentrée des impôts rencontra en 1866 de grands obstacles, particulièrement en Hongrie. On soupçonna même le peuple hongrois d’y mettre instinctivement du mauvais vouloir et de faire tourner au profit de son indépendance les embarras mortels de l’empire. Pendant l’année de Sadowa, la Hongrie est restée débitrice de 70 millions sur les impôts directs et de 38 millions sur les taxes indirectes. L’arriéré des pays allemands ne dépassa pas 75 millions, et, chose remarquable, les pays slaves furent ceux dont le trésor eut le moins