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verture prochaine de plusieurs usines permet d’espérer une augmentation importante sur cet article.

Le chapitre des monopoles exploités par l’état, le sel, le tabac et les loteries, donne un total de 51,787,500 francs après retranchement de tous les frais de régie. En Autriche, le sel provenant des salines domaniales est fabriqué et vendu pour le compte de l’état, comme le tabac chez nous. Les deux portions de l’empire, en se dédoublant, étaient convenues qu’un traité de douane et de commerce réglerait les exploitations qui allaient être séparées, afin de ne pas laisser prise à la contrebande. Ce traité vient d’être conclu entre les ministères de Pesth et de Vienne. En ce qui concerne le sel, on est tombé d’accord pour réduire le prix de vente à 5 florins le quintal allemand. À ce compte, le sel hongrois sera mis en vente au prix de 22 centimes ¼ le kilogramme, et même un peu moins pour la Transylvanie. La consommation dans les pays de la couronne de Hongrie n’a pas dépassé jusqu’ici une moyenne de 7 kilogrammes par tête. M. de Lonyay maintient le précédent chiffre de recette malgré l’espoir bien fondé d’une augmentation par l’effet du dégrèvement.

Avec la même prudence, le ministre s’abstient de forcer l’estimation concernant le tabac. Ce narcotique joue vraiment un grand rôle dans la politique moderne : il est le remède souverain des finances malades. Bien des gens déplorent l’extension que prend l’usage du tabac : même quand il ne devient pas malsain par l’abus qu’on en fait, on le soupçonne d’engourdir les ressorts de la volonté. Si c’est à dessein qu’on pousse à l’usage du tabac, l’idéal du système s’est produit dans les pays qui doivent leur éducation sociale à la maison de Habsbourg. Tandis qu’en France on est à peine arrivé à 1 kilogramme par tête, la moyenne des six dernières années donne une consommation de 5 kilogrammes 639 grammes dans la région autrichienne, et de 3 kilogrammes 236 grammes dans la région hongroise. On dirait à la vérité que le gouvernement autrichien a pris à tâche d’encourager ce genre d’excès par le bon marché. Le kilogramme de tabac à fumer ordinaire, qui est livré à 9 francs aux débitans par la régie française, est vendu par l’état 2 francs 24 centimes en Autriche et 1 franc 83 centimes seulement en Hongrie[1]. Le ministre hongrois n’attribue d’ailleurs l’infériorité de la consommation dans son pays qu’aux dommages causés

  1. Nous ne saunons dire si la différence des prix est justifiée par les qualités. Il faut rappeler aussi que l’état fabrique en France du tabac pour la troupe à peu près aux mêmes prix que ceux de l’Autriche. Notons en passant que le tabac hongrois, très fin et très léger, n’agit que faiblement sur l’organisme, et par là mérite moins les reproches adressés à d’autres espèces.