Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 76.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par lesquels les deux parties de l’ancien empire restent attachées l’une à l’autre. Les dépenses de cet ordre ont été partagées en prenant pour mesure la population et les forces contributives de chacun des deux groupes pendant la période précédente. Le contingent de la Hongrie a été fixé, comme nous l’avons dit, à 30 pour 100; la somme à fournir sur cette base ressort à 56,120,000 francs, plus un supplément de 20,147,000 francs qu’on a classé dans le budget extraordinaire, parce que cette dépense n’est pas de nature à se reproduire, et que d’ailleurs elle doit être compensée cette année par un recouvrement d’égale somme sur un fonds dit actif-commun, propriété collective des deux pays.

Nous insisterons sur ce chapitre des dépenses communes, parce qu’il est celui qui caractérise le mieux la situation nouvelle faite à la Hongrie. Sur ce versement de 76 millions, les besoins du service militaire, y compris la flotte, en réclament environ 68; à ce compte, les 70 pour 100 à fournir par les pays autrichiens devant donner 159 millions, on voit que les deux peuples se sont entendus, par l’entremise des pouvoirs constitutionnels, pour limiter à 227 millions de francs l’ensemble des dépenses militaires. La modicité de ce chiffre, auquel on tient fermement des deux côtés de la Leitha, est une protestation des plus significatives contre les entraînemens guerriers et les alliances compromettantes. On a compris dans ces régions que le vrai moyen de conserver la paix est de limiter les armemens au plus strict nécessaire.

Dans la catégorie des dépenses qui concernent particulièrement la Hongrie, nous remarquons un gros chiffre : 36,707,500 francs, inscrit sous ce titre : dette pour le dégrèvement foncier. C’est l’annuité à payer pour le rachat des droits féodaux. Grâce à ce sacrifice qui a constitué la Hongrie moderne, et qui est un des actes les plus mémorables de 1848, le sol, jusque-là inféodé à un très petit nombre de familles, s’est divisé à tel point qu’on compte actuellement près de 3 millions de propriétaires dans les quatre contrées dépendantes de la couronne hongroise. On peut dire sans exagérer que la nation entière est intéressée à l’indépendance du territoire, et c’est là ce qui donne à ses volontés instinctives une consistance et une force d’impulsion avec lesquelles l’Europe politique aura désormais à compter.

Le dégrèvement foncier comporte non-seulement le paiement annuel des coupons, mais l’amortissement d’un certain nombre d’obligations désignées par le sort; c’est, à proprement parler, la dette publique : la Hongrie jusqu’ici n’en a pas d’autre qui lui soit propre. L’emprunt national contracté au commencement de cette année étant consacré de la manière la plus exclusive à des créations de