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comptabilité chargée de préparer la législation financière applicable au nouvel ordre de choses. Au commencement du mois d’avril, et comme préface au budget que nous examinons, M. de Lonyay présenta simultanément quatorze projets de lois destinées à régler le principe des contributions directes et indirectes, les procédés de perception, la régie des monopoles et revenus, l’inscription de la dette consolidée que l’on allait accepter, et le contrôle de la dette flottante. Enfin dans la seconde moitié du mois d’avril fut présenté aux chambres, en langue nationale, ce plan de budget dont la discussion solennelle a été retardée par la nécessité de voter diverses lois organiques. L’exposé des motifs exprime avec émotion l’importance de cet acte. Un premier budget est le moule du système économique; pour un peuple comme dans la vie privée, c’est l’existence qui s’ordonne dès le début de la carrière en raison du revenu que l’on prévoit et de la dépense que l’on croit pouvoir faire. Ces considérations sont justes, et si nous nous préparons à dérouler tant de chiffres sous les yeux des hommes politiques, c’est avec la persuasion qu’ils y sauront lire l’avenir du peuple qui prend place dans le concert européen.

Les dépenses, dans le budget hongrois, se classent naturellement en deux catégories, celles qui procèdent de l’ancienne union et de la communauté d’intérêts qui existe encore dans une certaine mesure avec l’empire d’Autriche, celles qui vont fournir les ressorts de l’existence nationale. Les engagemens de la première catégorie entrent pour un peu plus de moitié dans l’ensemble des charges publiques. En première ligne figure la liste civile assurée constitutionnellement à la maison de Habsbourg. La Hongrie tient à honneur d’en fournir la moitié, et elle paie à ce titre 7,841,000 fr.[1]. L’annuité dont la Hongrie est redevable pour sa participation à l’ancienne dette publique de l’empire autrichien est fixée à 82,067,500 fr., y compris les amortissemens et frais accessoires. Nous ferons remarquer à cette occasion que la Hongrie va s’exécuter intégralement pour la part convenue, et que si l’Autriche, chargée de payer la rente, fait subir aux créanciers une réduction de 16 pour 100, elle réalisera sur le contingent hongrois un bénéfice de 13 millions. L’Autriche au surplus, qui se plaignait d’avoir fait la part trop belle à son associée, trouvera là un dédommagement qu’il ne faut peut-être pas trop lui reprocher. Viennent ensuite les dépenses spécialement dites « pour affaires communes; » elles concernent les services

  1. Dans tout le cours de ce travail, le florin austro-hongrois est évalué en monnaie française, au cours de 2 francs 50 centimes. — Le joch, mesure agraire, est estimé à 58 ares, quoique la contenance en soit très variable dans la pratique agricole de la Hongrie.