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raison que ce caractère joint à la brachycéphalie se retrouvait chez les peuples de l’extrême nord, auxquels il devient dès lors naturel d’assimiler les populations belges de l’âge du renne. Il est visible que la coexistence de plusieurs types de crânes et l’association de caractères très variables sont un indice de la présence de plusieurs races combinées ou juxtaposées. Les proportions sont impossibles à déterminer, mais le mélange se laisse apercevoir malgré la distance. Le rapprochement de ces races avec divers rameaux touraniens n’est pas une preuve de leur origine asiatique. L’influence des races sorties de l’Oural ou de l’Altaï a pu se faire sentir en divers temps et de plusieurs manières, sans que l’on doive pour cela rapporter à ce point de départ la filiation de toutes les races européennes de l’âge de pierre. L’idiome touranien que parlent les Esthoniens et, à ce qu’il parait, les Lapons a pu être transmis à ces peuples par une race supérieure ; d’ailleurs bien des mélanges successifs ont dû s’opérer à la surface de l’ancienne Europe. Il est peu probable qu’une race se soit jamais substituée à une autre en l’exterminant tout à fait ; s’étendant ou se resserrant suivant les ressources que leur procurait la chasse, les peuplades de l’âge du renne ont dû flotter incessamment au gré de leurs aptitudes et des circonstances favorables ou contraires. La concurrence vitale pouvait chez elles s’exercer sans limite et produire tous ses effets, c’est-à-dire une sorte de fractionnement des caractères physiques tant que l’espace fut assez libre pour demeurer ouvert à tout venant, et ensuite une sorte de mêlée universelle jusqu’à ce que le croisement, la fusion ou l’absorption d’une partie des élémens primitifs, peut-être aussi l’influence de races plus avancées, soient venus donner à certaines tribus un avantage relatif sur les autres. C’est ainsi qu’a pu s’exercer l’influence des Touraniens arrivés de l’est ; mais cette influence de tribus immigrantes a dû se borner à constituer des familles ou des castes initiatrices faisant accepter leurs coutumes, leurs idées et leur langue. Il est certain qu’aucun changement ethnographique un peu violent n’a troublé le développement régulier des races européennes avant l’arrivée des premiers Aryas, et que ceux-ci durent eux-mêmes s’allier aux peuples qui existaient alors en opérant une fusion quelconque des élémens anciens et des élémens nouveaux ; ce que firent les Aryas, d’autres ont pu le faire avant eux. Toutes les races primitives semblent procéder les unes des autres ; l’âge de la pierre polie, caractérisé par l’érection des dolmens, l’abandon des cavernes, l’usage de l’agriculture, la connaissance des animaux domestiques, la disparition du renne et du cheval comme base de l’alimentation, paraît être un simple développement de celui qui précède. L’introduction même du bronze, qui opéra