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marquant le travail de la femme, qui a son rôle dans la famille. L’industrie de cette race, que M. Lartet a retrouvée au fond des cavernes du Périgord, révèle des aptitudes intellectuelles que la découverte faite aux Eyzies d’une sépulture comprenant plusieurs têtes a pleinement confirmées. Ces découvertes, nous l’avons dit, reportent aux premiers temps de l’âge du renne. Les proportions générales des membres annoncent une stature élevée, caractère qui contraste avec la petite taille généralement attribuée jusqu’ici aux races primitives. Les têtes, dont plusieurs sont admirablement conservées, offrent des types de divers âges et des deux sexes ; elles sont belles de proportions et présentent une capacité crânienne considérable, des signes manifestes d’intelligence ; les parois de la boîte osseuse sont minces, tandis qu’elles avaient présenté dans d’autres cas une épaisseur surprenante. Le type est franchement dolichocéphale : mais le développement de la partie postérieure des hémisphères est évident, tandis que la partie frontale est plutôt resserrée ; le front est assez bas et fuyant ; les arcades sourcilières ont de la saillie ; la racine du nez est écrasée ; les yeux devaient être enfoncés dans les orbites ; la face est courte, la bouche large, le menton manque de saillie ; le prognathisme est manifeste. On saisit aisément la physionomie de cette race, chez qui les facultés affectives et celles d’instinct semblent avoir été bien plus développées que les autres. Elle devait être laide, suivant nos idées ; elle rappelle les Kalmouks sous beaucoup de rapports, et suivant M. le docteur Pruner-Bey, elle se rattacherait directement au type esthonien et par conséquent à une race touranienne. M. Broca y voit une race à part chez laquelle les signes de l’intelligence seraient associés à des caractères appartenant aux rameaux les plus inférieurs de l’humanité. En résumé, nous pouvons admettre que cette race du Périgord était supérieure à la moyenne des races sauvages d’aujourd’hui ; elle nous représente de vrais hommes, doués d’intelligence, avec des traits durement exprimés qui semblent un mélange du type nègre et du type esthonien.

Les fouilles opérées par M. É. Dupont dans la province de Liège en 1866 et 1867 l’ont amené à des résultats bien différens à plusieurs points de vue. Là aussi d’immenses quantités d’instrumens et de débris de toute nature provenant de l’âge du’ renne ont été mis au jour ; le nombre des éclats de silex a dépassé 36,000. Parmi eux, la forme nommée couteau prédomine tout à fait, et paraît à M. Dupont caractéristique, ainsi que la présence du renne, qui n’est plus accompagné que d’animaux encore vivans, quoique plusieurs aient depuis émigré. Il résulterait donc de ce témoignage que nous touchons ici à la fin de l’âge du renne, tandis que les cavernes du