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que le diamètre antéro-postérieur est plus grand que le diamètre transversal. Ils se distinguent également par le faible développement du front, la saillie des arcades sourcilières et la dépression de la voûte crânienne ; mais dans le crâne de Neanderthal cette dépression est tellement prononcée qu’on a voulu y reconnaître un crâne d’idiot. La même forme elliptique ou en arc surbaissé a été cependant observée depuis sur d’autres crânes, datant même de l’époque historique, ainsi que sur une portion de crâne découverte dans le lehm ou alluvion du Rhin, à Eguisheim, près de Colmar. M. Gervais a fait observer la tendance des têtes dolichocéphales à prendre cette forme, et d’ailleurs la question semble avoir pris une autre face depuis la découverte qui a été faite en avril dernier à la station des Eyzies (Dordogne). Cette découverte nous conduit aux premiers temps de l’âge du renne, âge qui ne semble différer du précédent que par l’extrême multiplication de ce ruminant et du cheval, tandis que les grands animaux de race éteinte, particulièrement le mammouth et l’ours des cavernes, commencent à disparaître. L’homme au contraire devient plus fort, plus adroit et plus nombreux. On trouve cependant encore des vestiges qui témoignent de l’existence de ces grands animaux, ce sont leurs parties dures, souvent travaillées par la main de l’homme, mais surtout des dessins tracés à la pointe ou des sculptures qui les représentent. Nous devons ces trouvailles aux infatigables travaux de MM. É. Lartet, Christy, de Vibraye, Garrigou, Bourgeois et tant d’autres dont il serait trop long de dresser la liste. Ces figures, ordinairement très naïves, expriment parfois une sorte d’idéal ; elles ne manquent ni de mouvement, ni de trait ; les bœufs, les chevaux, les cerfs et surtout le renne, que ces peuplades avaient constamment sous les yeux, sont représentés avec vérité et fournissent le sujet des principales scènes. Le mammouth apparaît aussi quelquefois, mais c’est déjà un animal rarement aperçu, qu’on n’ose regarder qu’à la dérobée ; il est rendu avec plus de fantaisie que les autres, et cependant l’on retrouve jusqu’aux poils de sa longue crinière.

Les ustensiles de ménage, de chasse, de combat, ne sont pas moins remarquables, quoique le silex et l’os en fournissent seuls la matière ; ils sont délicatement taillés, et parfois ils révèlent à l’œil un certain sentiment d’élégance. Quel progrès sur les âges précédens ! Voici les couteaux, les spatules, les poinçons, les gouges, les scies, les pointes de flèches et de javelines, les grattoirs pour préparer les peaux, les haches propres à recevoir une emmanchure ; voici les harpons, les manches de poignards, les bâtons de commandement guillochés de fines ciselures, voici enfin les aiguilles déjà fines et de plusieurs grandeurs, annonçant la couture et