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ordres religieux soient détruits dans les départemens de Rome et du Trasimène… Je suppose que tous les prêtres auront, à l’heure qu’il est, prêté serment ou auront été dirigés sur la route de France sans hésitation, que tous les évêques, curés, vicaires, chanoines, auront prêté serment ou seront sur la route de France, que les biens des chanoines, chapitres, évêques, qui n’auraient pas prêté serment, ont été saisis par l’enregistrement. Quant aux évêques, il faut qu’on saisisse non-seulement leurs biens ecclésiastiques, mais aussi leurs biens patrimoniaux. Rédigez un décret conçu à peu près dans les termes suivans : « considérant que dans l’empire il y a des évêchés qui ont un million d’habitans tandis que dans les départemens de Rome et du Trasimène, qui n’ont que 800,000 habitans, il y a trente évêchés, etc.. Titre Ier. Des évêchés. Tel et tel évêché est supprimé et réuni ; tel et tel chapitre est supprimé. Il n’en sera conservé qu’un seul par cathédrale, composé de tant de membres, de même pour les séminaires, etc.. Titre II. Des paroisses. Il ne restera que tant de paroisses à Rome ; telles et telles sont conservées. » Il me semble que vingt paroisses sont suffisantes[1]. »


Un mois plus tard, revenu à Saint-Cloud, l’empereur traite encore avec son ministre des cultes le sujet qui lui tient si fort à cœur. Il a médité tous les détails de son plan, et après y avoir mûrement réfléchi « il approuve que la consulte, avant de faire prêter serment aux curés, attende l’arrivée des troupes, la suppression des couvens et celle des évêchés dont les évêques n’auront pas prêté le serment, et qu’elle fasse préalablement l’opération à l’égard des chapitres des villes et des campagnes. » L’avantage qui le frappe dans cette combinaison, c’est que, si on commençait, comme on l’avait d’abord proposé, par une nouvelle circonscription des cures dans les diocèses, cette manière d’arriver au but ne produirait pas les mêmes effets.


« Il faut donc, dit-il, adopter l’inverse de la proposition, commencer non par organiser et par réduire, mais par demander le serment aux curés de Rome, et montrer à l’égard de ceux qui ne le prêteraient pas que la suppression est une conséquence de la rébellion. Il y a quatre-vingts paroisses à Rome ; vingt paroisses doivent suffire. On connaît mal les prêtres d’Italie et de Rome, continuait assez dédaigneusement l’empereur, ou l’on ne doit pas douter que l’on ne trouve au moins vingt prêtres, soit curés, soit ecclésiastiques, qui prêtent le serment il convient de bien établir par les conversations, par les explications de toute nature et même par des articles dans les journaux de Rome que les mesures que l’on prendra seront uniquement le résultat de la rébellion, et que

  1. Lettre de l’empereur au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, Berg-op-Zoom, 9 mai 1810. — Correspondance de Napoléon Ier, t. XX, p. 337.