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A l’égard du Mexique, ce serait bien autre chose : le vrai irait au-delà des probabilités ; mais le bilan complet de cette déplorable opération nous écarterait de la recherche qui nous occupe. Il s’agit en ce moment de dresser un relevé des ressources extraordinaires que le gouvernement impérial a dû se procurer pour augmenter ses moyens d’action et pourvoir aux nécessités dispendieuses de son système politique. Il faut donc faire entrer dans ce compte les sommes qu’il a encaissées sur le produit des opérations financières auxquelles les obligations mexicaines doivent leur origine. Se sentant engagé de manière à ne plus pouvoir reculer, entraîné à des dépenses qui dépassaient toutes les prévisions, mais n’osant pas solliciter directement le crédit pour une entreprise que le bon sens public avait condamnée, le gouvernement, il faudrait peut-être dire M. Fould, concerta, patrona, fit réussir une série d’émissions au nom de Maximilien. 293 millions effectifs furent ainsi prélevés, et pour une grande partie au sein des plus pauvres familles. Le pouvoir trouverait peut-être une excuse dans les faux renseignemens qui l’ont égaré, dans les illusions qui régnaient presque partout sur l’opulence du Mexique. Désabusé aujourd’hui, il se reconnaît débiteur des sommes dont il a directement profité, il offre aux souscripteurs, à titre d’indemnité, une inscription de rente dont la vente fournirait 68 millions ; mais il est avéré que les prélèvemens de l’état sur les émissions mexicaines ont atteint au moins 105 millions, et déjà là commission du budget à reçu plusieurs amendemens tendant à doubler le chiffre de l’indemnité offerte. Certes il y a là emprunt et de la pire espèce, puisqu’on nous demande aujourd’hui de créer une rente perpétuelle de 3 millions au moins et plus probablement de 5 à 6 millions, pour compenser le capital qui a été reçu et employé.

Nous dénonçons un autre genre d’anticipation dont il faut se défier : il consiste à faire exécuter des travaux en recevant de la ville ou de la compagnie intéressée les sommes nécessaires à titre d’avances remboursables à longs termes ; de cette manière, on soulage le budget courant, mais on grève d’annuités les budgets à venir. Une remarquable application de ce procédé est le contrat passé en 1866 entre le gouvernement et la Société algérienne. Celle-ci doit fournir en six ans une somme de 100 millions destinée aux travaux publics de l’Algérie. Pendant six ans, une somme de 16,666,666 fr. portée en recettes facilitera l’équilibre des budgets ; mais après six ans, et les 100 millions dépensés, l’état devra payer pendant cinquante ans une annuité de 5,759,074 francs. Ce nouveau genre d’emprunt a été pratiqué avec des variantes pour les houillères de la Sarre, qui ont avancé 13,800,000 francs dont on paie l’intérêt, et par un vote