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affranchis de cette charge pour vingt ou peut-être trente ans, uniquement parce qu’ils auraient la chance de posséder un ministre jeune et vigoureux. La justice semble recommander une mesure uniforme qui assurerait à chaque paroisse un certain revenu pour un nombre d’années déterminées, durant lesquelles les adhérens de l’église anglicane auraient le temps d’organiser le système volontaire sans être sans cesse menacés de voir un accident imprévu, happant leur pasteur, leur imposer tout à coup ce système avant qu’ils n’eussent pu s’y préparer. Enfin assurera-t-on pour un temps ou pour toujours aux catholiques la dotation de Maynooth, aux presbytériens la subvention du regium donum, en prélevant les 1,875,000 francs quelles représentent sur les fonds disponibles, ou les abolira-t-on complètement ? En tout cas, soit que l’on partage la dime entre les différentes églises proportionnellement au nombre de leurs adhérens selon l’opinion émise par lord Russell dans une récente brochure, soit qu’on lui donne une autre destination, elle sera sans doute perçue par l’état, et les propriétaires du sol pourront s’en libérer en la rachetant moyennant un capital une fois payé.


IV.

La dotation de l’église anglicane se divisera donc en deux parts, du moins dans les premières années. L’une sera employée à indemniser les intérêts particuliers. Que fera-t-on de l’autre ? Faut-il attribuer au clergé catholique soit un traitement, soit une dotation, soit des biens-fonds, et dans quelle mesure ? ou, se contentant d’avoir fait cesser l’injustice créée en faveur de l’église établie, faut-il laisser tous les cultes subvenir désormais eux-mêmes à leur entretien et dans ce cas à quel objet d’utilité publique consacrer les fonds disponibles ? Le premier système est soutenu à la fois par ceux qui, après avoir enlevé à l’église établie une partie de ses revenus, veulent l’affecter au salaire du clergé catholique, et par ceux qui, comme lord Mayo, voulant respecter les biens de cette église, proposent de rétablir l’égalité par des traitemens accordés aux autres cultes. Les moyens seuls diffèrent. Les premiers paient tous les cierges, désormais égaux devant la loi, en puisant dans les fonds de tout temps destinés à des usages religieux. Les seconds conservent à l’église établie, avec ses privilèges politiques, la totalité de ses biens, et cherchent à dédommager les autres clergés de cette injustice au moyen de rentes inscrites sur le grand-livre, c’est-à-dire de fonds tirés de la poche de tous les contribuables britanniques. Il est facile de prévoir que, si les représentans de ces derniers