Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 75.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en travail ; l’avantage appartiendra à la machine qui opérera entre les limites de température les plus écartées. À ce titre, les machines à gaz ont une incontestable supériorité. On ne peut guère élever la vapeur d’une chaudière à plus de 170 ou 180 degrés[1], parce qu’au-delà de ces limites la vapeur acquiert une énorme pression qui nécessite des générateurs d’une résistance considérable. Au contraire l’air chauffé à 273 degrés n’a encore qu’une pression de 2 atmosphères. L’emploi d’un pareil moteur étend donc l’échelle des températures. Il est vrai qu’il se présente ici, comme nous l’avons déjà indiqué, un inconvénient d’un autre ordre : les appareils métalliques qui se trouvent en contact permanent avec de l’air à température très élevée s’oxydent, se détruisent rapidement, et cet obstacle a arrêté le développement des moteurs à air chaud. En remplaçant l’air par de la vapeur surchauffée, on fait disparaître cette influence nuisible, et on jouit en partie des avantages des machines à gaz, car la vapeur surchauffée, à mesure que la température s’élève, se comporte de plus en plus comme un gaz permanent. Il y a donc beaucoup à attendre de la vapeur surchauffée, et un certain nombre d’ingénieurs dirigent maintenant leurs recherches dans ce sens[2]. Il y a quelques années, on avait fait des machines à vapeur à deux liquides : la vapeur d’eau, rendue dans le condenseur, échauffait un liquide volatil, comme l’éther ou le chloroforme, qui, réduit lui-même en vapeur, allait fonctionner dans un second corps de pompe ; il y avait alors un dernier condenseur qui pouvait être à une température plus basse que celui d’une machine à vapeur d’eau. C’est à cette classe qu’appartient la machine du Tremblay, qu’on a installée sur plusieurs navires de la marine française. On paraît d’ailleurs avoir renoncé à ces moteurs, où l’emploi de matières inflammables créait des dangers d’explosion.

C’est donc à étendre l’échelle des températures que s’appliquent ou que doivent s’appliquer ceux qui cherchent à perfectionner les machines à vapeur. On peut abaisser la limite inférieure, on peut surtout élever la limite supérieure, ce dernier procédé étant celui qui donne les plus puissans effets. Sans parler de la vapeur surchauffée, qui constitue une question spéciale, on cherche mille artifices pour augmenter la proportion de la chaleur du foyer qui passe dans la vapeur, c’est-à-dire pour élever la température initiale du moteur. Chaudières à surface de chauffe très développée, foyers à

  1. On a maintenant des machines locomotives marchant à dix atmosphères, ce qui comporte une température d’un peu plus de 180 degrés.
  2. La surchauffe de la vapeur est d’ailleurs un progrès réel pour des causes toutes pratiques. On l’obtient en utilisant la chaleur des gaz de combustion, qui autrement serait perdue.