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commerciales. Quant à leur religion, elle est monothéiste par essence ; leur culte s’adresse au soleil, comme emblème de la puissance divine. Des superstitions et des cérémonies ridicules qui s’y sont introduites par l’effet du temps en ont altéré la pureté originelle ; mais les Parsis ont toujours répudié la division par castes, qui est chez les Hindous le plus sérieux obstacle à toute réforme. Les Juifs ou Beni-Israeli, qui se groupent en petit nombre autour de Bombay, ne sont pas moins intéressans. Eux aussi sont des étrangers que les chances du commerce ou peut-être les persécutions ont conduits sur les rivages de l’Inde. On les dit originaires de l’Yemen ou Arabie-Heureuse. Ils occupent un rang peu élevé sur l’échelle sociale. Ils sont ouvriers ou agriculteurs, quelquefois soldats, dans les corps indigènes de l’armée anglaise. Leur religion primitive s’est compliquée de pratiques idolâtres au contact des autres cultes plus grossiers de la péninsule.

A Goa et même à Bombay, on rencontre des sangs mêlés, descendans des premiers colons portugais, qui s’allièrent jadis à des femmes indigènes. Ils sont intelligens, actifs, et retiennent quelque chose d’énergique de leur extraction européenne. Ce sont des catholiques. Les Eurasiens sont encore des métis, nés de pères anglais et de femmes du pays. Le christianisme, qu’ils professent en général, établit une démarcation profonde entre eux et les Hindous de sang pur. On leur reproche de manquer d’ardeur au travail. Néanmoins c’est à coup sûr la classe la plus apte à subir l’influence européenne dans un sens favorable. Çà et là, dans les districts sauvages et les plus éloignés des grands centres de population, croupissent des tribus vraisemblablement autochthones qui restent en dehors de tout commerce avec les Anglais. C’est à peine si les magistrats de la contrée osent les visiter aux époques fixées pour le paiement des impôts. On ne laisse pas d’en voir parfois, sans les chercher, par exemple aux abords des stations de chemins de fer. Nus ou à peu près, abjects, dégradés, ils offrent un contraste assez piquant avec ces engins d’une industrie perfectionnée dont ils ne dédaignent pas l’usage. Ces diverses peuplades isolées ne sont au surplus que des exceptions de peu d’importance, car le bloc de la population se partage en deux grandes divisions, les mahométans d’une part et les Hindous de l’autre. Miss Mary Carpenter déclare n’avoir guère vu les premiers. Leurs doctrines religieuses sont exclusives, comme on sait, et ils y adhèrent avec fidélité. Outre qu’ils redoutent toute ingérence étrangère en ce qui touche à leur culte, ils se soucient peu sans doute de l’éducation de leurs enfans, et moins encore de l’instruction de leurs femmes. ; or c’était là le sujet dont miss Carpenter se plaisait le plus à entretenir les indigènes.

Restent les Hindous. Ceux-ci, ceux du moins qu’une longue fréquentation familiarise avec les habitudes européennes, se montrent enclins à accepter un meilleur état social ; mais, avant de dire à quel point ils en sont, il convient d’indiquer pourquoi les Anglais, ne sont encore, après