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lettres nous la laissent voir en tiers avec son mari et celle qui savait si bien se proportionner ; Je mets à la suite plusieurs de ces lettres-et billets qui montrent si bien l’active bonté de Mme de Staël et la sollicitude avec laquelle elle entrait dans toutes les affections de ses amis :


« Voulez-vous bien, mon cher Camille, me retenir une chambre à l’hôtel d’Europe pour dimanche 15 ? J’arriverai pour dîner à cinq heures avec vous. Restez libre pour me donner cette soirée et le lendemain lundi, car il faut absolument que je parte le mardi de grand matin. — Dites à lady Webb que j’irai passer deux heures avec elle lundi matin. — Je ne veux d’ailleurs voir personne. Je n’ai fait le détour de Lyon que pour vous embrasser et causer avec vous. Dites à madame Julie que j’ose la mettre de l’un et de l’autre. Adieu. A dimanche ! J’ai le cœur bien serré.

« Ce 10 avril, Coppet »


« Lyon, dimanche — 3 mai.

« J’arrive ici espérant vous y trouver d’après la lettre que Matthieu et moi nous vous avons écrite, et je me désole de ce que vous n’y êtes pas. — Je vous envoie un exprès pour vous demander de revenir demain. — Songez que je reste demain sans avoir quoi que ce soit à faire à Lyon, seulement pour avoir quelques heures de vous. — Passerai-je donc sans voir Mme Camille ?

« Je remets mon billet à monsieur votre frère, qui est plein de bonté pour moi. »


Les billets suivans qui me semblent d’une date un peu postérieure se rapportent au même ordre de sentimens :


« Ce 16 avril (1812 ?).

« Lady Webb écrit à une personne de mes amies que vous êtes inquiet de la santé de Mme Camille. — Si vous pouvez vous distraire d’un intérêt si cher pour en parler encore, mandez-moi en deux lignes ce qu’il y a de vrai dans cette nouvelle, qui m’a cruellement troublée. — J’ai moi-même la fièvre depuis quinze jours et j’avais de tristes pensées sur ma santé, quand ce qui vous concerne a captivé toute mon attention. — Quand je vous crois heureux, je pense quelquefois que vous ne m’aimez guère ; mais, quand je me figure que vous souffrez, je sens seulement que je vous aime encore beaucoup. »


« Ce 10 avril (1812 ?).

« Vous pouvez, si vous voulez, mon cher Camille, me répondre par celui qui vous remettra cette lettre et qui vous a déjà porté celle que je