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NINIVE ET BABYLONE
D'APRES LES
RECENTES DECOUVERTES DE L'ARCHEOLOGIE

Ce que la lecture des hiéroglyphes a fait pour la connaissance de l’ancienne Égypte, le déchiffrement des écritures cunéiformes promet de le faire pour celle de l’Assyrie. Des empires ensevelis depuis des milliers d’années sortent de dessous terre. Les nations qui les avaient fondés ont été détruites, mais les restes de leurs riches cités n’ont pas été jetés aux quatre vents ; nous retrouvons aujourd’hui une partie de leurs dépouilles. Les plus fragiles vestiges se conservent dans le sol pendant des myriades de siècles ; il suffit de quelques mètres, de quelques décimètres de sable pour sauver de l’anéantissement les œuvres les plus délicates. Sous cette mince pellicule, à l’abri des influences atmosphériques, les produits de l’industrie antique défient le temps, qui est, pour ainsi dire, sans action sur l’intérieur du globe. C’est ce dont peuvent nous convaincre les découvertes contemporaines de la géologie et de l’archéologie. Voilà comment les explorations dont les territoires de l’ancienne Assyrie, de la Mésopotamie, ont été le théâtre sont venues nous fournir les documens les plus curieux et les plus inattendus. Une foule d’inscriptions en caractères dits cunéiformes et de monumens figurés de toute dimension ont été transportés dans les musées de l’Europe, et maintenant il nous est possible d’écrire des chapitres entiers d’une histoire dont les auteurs grecs et latins ne nous donnaient que quelques pages incomplètes ou isolées. Tandis que les antiquaires, par l’étude des monumens figurés, nous initiaient aux caractères de l’art assyrien, au culte, aux usages, à