Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 74.djvu/1033

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Louis disait : L’état c’est moi !
Henri le Grand aimait sa mie.

Mais eux, pauvres êtres frappés
D’incapacités séculaires,
Voués aux haines, aux colères,
De calomnie enveloppés ;

Mais eux, race indigne et proscrite,
Les traîtres auxquels nul ne croit,
Ils n’ont de merci ni de droit ;
Quoi qu’ils fassent, on s’en irrite.

Attentat à la nation,
S’ils dénoncent le cataclysme,
S’ils restent cois, favoritisme,
Infamie et corruption !

Aimer quelqu’un, une Lambale,
Une Polignac, fi ! l’horreur !
On se demande avec terreur :
Que veulent ces Héliogabale ?

Et ce roi suspendu dans l’air,
Qu’on tiraille et qu’on turlupine,
A-t-il la couronne d’épine
Assez enfoncée en sa chair !

Pauvre mouton qu’on enguirlande
Avec tant d’ordres en sautoir.
Avant d’aller à l’abattoir,
Pour que son sang pur s’y répande,

En aurait-il assez flatté
De charbonniers et de poissardes !
Assez essayé de cocardes
Aux couleurs de la liberté !

Lamentable martyrologe !
On le bafoue en s’inclinant !
Il lui faut sourire au manant,
Qui le coudoie et l’interroge !

On feint d’obéir à sa voix,
Et chacun, passant, le gourmande.
Vous croiriez voir, quand il commande,
L’enfant sur son cheval de bois !