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Car il est pontife dans l’âme,
Humain jusqu’à s’être endetté
Pour ne pas laisser la beauté
En proie à la misère infâme !

Il a, pour la gloire du ciel
Et pour les mères de famille,
Voulu que toute aimable fille
Eût son carrosse et son hôtel.

Pour cet aumônier sachant vivre,
Pour ce cœur honnête et parfait,
Un joli sein n’était pas fait
Pour se morfondre sous le givre !

Rien ne trahit l’ange déchu,
Pensait ce prélat gentilhomme,
Comme des ongles noirs et comme
La malpropreté d’un fichu !

Et dans sa fureur de miracles
(On n’est pas cardinal pour rien),
Il s’en allait faisant le bien,
Par les fêtes et les spectacles.

Du tombeau de la pauvreté
Et de la misère profonde
Il ressuscit it tout un monde
A la jeunesse, à la santé ;

Consolant ses vierges chéries,
Et sur leurs cheveux blonds ou bruns,
Avec la myrrhe et les parfums,
Versant à flots les pierreries ;

Installant dans leur Alhambra
Marthe Marie et Madeleine,
Évangélisant à main pleine
Toutes les filles d’Opéra !

Si bien qu’à ce métier de dupe
L’éminentissime enjôleur
S’est ruiné, — petit malheur
Qui ne vaut pas qu’on s’en occupe…

Moïse, le sublime Hébreu,
Le colosse dont Michel-Ange