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directeur a donc à sa disposition trois astronomes, un physicien, huit adjoints et dix assistans[1]. Jusqu’en 1863, le budget de l’Observatoire s’élevait seulement à 128,060 francs, mais il a été porté plus tard à 153,060 francs. Le personnel prend sur cette somme 97,420 francs, il reste donc annuellement 55,640 francs pour les publications et pour l’entretien de l’établissement. Les frais d’achat des grands instrumens sont faits par des allocations spéciales. Ces dépenses sont-elles justifiées par les résultats obtenus ? Il nous semble que la réponse ne peut être qu’affirmative. La publication prompte et expéditive des observations de Paris, qui ont été jusqu’ici aussi exactes que celles des autres grands établissemens, doit être considérée comme un service très réel rendu à l’astronomie.

On vient d’agiter une autre question, celle du déplacement de l’Observatoire. Voici les motifs qu’on fait valoir pour l’obtenir. De nouvelles voies ont été percées dans le voisinage, et les habitations s’élèvent de tous les côtés avec une inquiétante rapidité. Sans cesse viciée par la fumée et par la poussière, l’atmosphère n’a plus en cet endroit la transparence qu’elle pouvait offrir il y a deux siècles. Mille bruits troublent pendant le jour les observations ; les cloches des nombreux établissemens religieux du faubourg Saint-Jacques empêchent d’entendre les battemens de la pendule. Le sol élastique qui recouvre les catacombes est continuellement agité par les trépidations que lui impriment les voitures ; on ne peut donc plus compter sur la stabilité des piliers qui supportent les instrumens méridiens. Pendant la nuit, la lumière des becs de gaz qui éclairent les rues se projette sur les brouillards suspendus dans l’atmosphère, et les astres d’un faible éclat se perdent dans ce crépuscule artificiel. Vers 1846, nous dit M. Villarceau, la partie de l’atmosphère illuminée par l’éclairage de Paris ne s’étendait guère qu’aux deux tiers de la distance comprise entre l’horizon et le zénith ; on l’a vue atteindre et dépasser le zénith en 1858 ; il était alors facile de prévoir que désormais on ne découvrirait plus de comètes télescopiques à Paris, et cette prévision s’est réalisée. En Grèce et en Russie, on a pu continuer d’observer des comètes qui étaient déjà devenues trop faibles pour les lunettes de Paris ; la cause de l’insuccès des astronomes français ne peut être cherchée que dans la situation topographique de l’Observatoire au milieu d’une ville éclairée par d’innombrables feux. Les vibrations du sol sont si fortes, nous dit M. Villarceau, qu’il est impossible de faire à Paris l’observation du nadir. Voici en quoi consiste cette opération. Un vase rempli de mercure est placé au-dessous de la lunette, que l’on amène dans une position verticale, l’oculaire en haut,

  1. Nous supposons que l’état du personnel n’a pas sensiblement varié depuis deux ans.