Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 73.djvu/769

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’action d’un rouage que la descente d’un poids met en mouvement ; toute cette colossale machine suit la rotation du ciel avec l’infaillible précision d’une montre à secondes. Le pouvoir de pénétration de ces télescopes est si considérable, qu’ils rivalisent avec les gigantesques appareils d’Herschel.

Parmi les travaux auxquels l’observatoire de Paris a pris une part plus ou moins directe, il faut enfin citer les opérations géodésiques accomplies dans les temps modernes, et notamment la mesure de la grande méridienne de France qui s’étend de Dunkerque à Fermentera. Un vaste projet d’une nature analogue est en voie d’exécution depuis nombre d’années : il ne s’agit de rien moins que de mesurer un arc de parallèle traversant toute l’Europe, de Valentia sur la côte d’Irlande jusqu’aux monts Oural. Cet arc doit compléter notre connaissance de la forme du sphéroïde terrestre en même temps qu’il reliera entre elles les nombreuses triangulations exécutées dans les divers pays. L’Observatoire impérial a contribué pour sa part à cette œuvre internationale en reprenant avec soin la détermination des longitudes et des latitudes d’un grand nombre de points importans du réseau français. Dès 1854, MM Faye et Dunkin ont rectifié la différence des méridiens de Greenwich et de Paris en comparant leurs pendules par l’intermédiaire du télégraphe électrique. Tout récemment, M. Yvon Villarceau a déterminé les latitudes et les longitudes d’un certain nombre de points, tels que Dunkerque, Rodez, Biarritz. La méthode employée pour obtenir la longitude est ici d’une simplicité extrême : la seconde donnée par une pendule est transmise par un relais télégraphique et battue simultanément à Paris et aux autres stations, de sorte que les observations se font partout à l’aide de la même pendule ; la différence des instans où la même étoile a été vue aux méridiens de ces stations donne alors directement la différence des longitudes. La discussion de ces résultats, entreprise par M. Villarceau avec un soin minutieux, a mis en lumière les défauts inhérens aux anciens triangles et la nécessité d’en refaire les principaux.

Lorsqu’il s’agit, comme dans ce cas, de comparer entre elles les observations exécutées par plusieurs personnes, on est toujours obligé de tenir compte de l’erreur physiologique propre à chaque observateur. Les astronomes en effet savent depuis longtemps qu’en notant l’instant d’un phénomène on se trompe ordinairement d’une fraction de seconde qui n’est pas la même pour différentes personnes, mais qui varie très peu pour le même observateur ; le cas le plus général est celui d’un retard de quelques dixièmes de seconde, on connaît cependant aussi des exemples de personnes qui avancent, ou qui notent les phénomènes trop tôt. La détermination