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LE
VOYAGE DE LA NOVARA
ÉTUDE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE.

I. Reise der œsterreichischen Fregatte Novara um die Erde, von d’Karl von Scherzer. Wien, Karl Gerald’s sohn, 1867. — II. Statistisch commerzielle Ergebnisse einer Reise um die Erde, etc., von d’Karl von Scherzer. Leipzig und Wien. Brockhaus, 1867.

Tout ce qui se rapporte à l’Autriche excite actuellement en Europe un vif intérêt. On suit avec une attention à la fois bienveillante et inquiète les efforts de l’homme d’état habile qui n’a point reculé devant la tâche ardue de reconstruire sur des fondemens modernes l’antique édifice de l’empire danubien, miné par les rivalités de race, disloqué par les prétentions opposées des nationalités, ébranlé enfin par les revers successifs subis sur les champs de bataille; mais ce qu’il importe surtout de signaler en ce pays, ce sont les manifestations du réveil de la vie intellectuelle. Jusqu’à présent, l’Autriche n’a pris qu’une part insignifiante à ce grand mouvement scientifique qui, renouvelant presque toutes les branches du savoir, constitue le plus beau titre de gloire de l’Allemagne contemporaine. Les savans ne manquaient peut-être point à l’empire, mais la liberté manquait aux savans, et sans liberté la science est arrêtée dans son essor. La pensée était écrasée sous le poids d’un double despotisme, despotisme de l’état, despotisme de l’église, le second bien plus lourd que le premier, car la censure ecclésiastique, là où elle peut agir dans l’ombre, comme en Autriche