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cette différence que la pêche maritime y a moins d’importance, tandis que la pêche fluviale en a davantage. Il existe à Ostanback un établissement de pisciculture qui a permis de peupler de saumons la plus grande partie des cours d’eau de l’intérieur du pays. Dans l’exposition danoise, on trouvait tous les appareils propres à la pêche de la baleine et du phoque : le kaiak, aux extrémités aiguës comme une flèche, dans lequel s’emboîte le Groënlandais pour chasser le veau marin, la double pagaye garnie en os, les harpons barbelés et terminés par une pointe de fer, les bouchons avec lesquels le pêcheur ferme la plaie béante de l’animal blessé pour empêcher l’écoulement du sang, son breuvage favori. Tout le monde connaît le parti que l’Esquimau tire du phoque, qui lui fournit tout à la fois sa nourriture, son combustible et son vêtement, et sans lequel la vie humaine serait impossible dans ces régions glacées.

À côté des engins de pêche, parmi lesquels il faut citer des filets de crin montés sur des cordes en poil de bœuf, la Russie avait exposé quelques produits spéciaux à ce pays. Tel est notamment le caviar, qui, peu apprécié des Occidentaux, est au contraire pour les Russes un mets national très recherché. Cet aliment est fabriqué avec les œufs de plusieurs espèces de poissons, mais principalement avec ceux de l’esturgeon. On en distingue deux espèces, le caviar ordinaire et le caviar comprimé. On fabrique le premier en faisant simplement mariner les œufs dans du vinaigre ; on l’apporte ainsi dans des vases de toute nature sur les marchés, où on le débite en détail en coupant dans le tas. Le caviar comprimé au contraire est fait avec des œufs qui, après avoir été mis dans la saumure, ont été séchés, puis comprimés et enfermés dans des tonneaux. Cette substance est pour plusieurs villes russes, surtout pour Astrakan, l’objet d’un commerce d’exportation considérable.

L’Angleterre et la Hollande, quoique pays pêcheurs au premier chef, n’avaient point, à proprement parler, d’exposition de pêche, et s’étaient contentées d’envoyer des engins, du reste très recommandables. C’est surtout dans la fabrication des lignes et des hameçons que la première a une supériorité marquée ; les lignes sont en crin et d’une solidité irréprochable ; les hameçons sont en acier de Sheffield et fabriqués avec le soin que les Anglais mettent à ce genre d’instrumens. L’exposition hollandaise comprenait des modèles de bateaux et de très beaux filets préparés avec du cachou et enduits de coaltar, substance qui leur assure une très longue durée ; mais ce qu’elle présentait de plus remarquable, c’étaient les barils à encaquer le hareng, qui sont en chêne et fabriqués avec une telle perfection que les joints sont parfois invisibles à l’œil.

Quant à la France, dont nous parlerons plus au long quand il